Le brut poursuit sa hausse, porté par les violences en Libye
Vers 17H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril s'échangeait à 116,40 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 98 cents par rapport à la clôture de la veille.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance grimpait quant à lui de 1,43 dollar à 101,06 dollars.
"Les inquiétudes grandissantes d'une possible guerre civile prolongée en Libye continue de renforcer les prix du brut, tout comme les craintes d'une contagion (des violences) à d'autres pays" en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, expliquait David Hart, de Westhouse Securities.
En Libye, l'opposition, qui contrôle désormais de vastes régions, organise la lutte armée pour tenter de chasser le colonel Mouammar Kadhafi du pouvoir, et ce dernier contre-attaquait mercredi, envoyant blindés et artillerie lourde contre les insurgés.
"Le pouvoir de Kadhafi s'affaiblit, mais il lui reste encore à subir le coup de grâce. L'absence d'alternative institutionnelle pour prendre le relais (...) rend la situation plus compliquée", observait Amrita Sen, de Barclays Capital.
Alors que la plus grosse part des infrastructures de production et d'exportation d'hydrocarbures, à l'est, était aux mains des insurgés, "la Libye reste effectivement absente du marché" du pétrole, a ajouté Mme Sen.
L'Agence internationale de l'énergie a revu en hausse mercredi ses estimations sur les pertes de production en Libye. Selon elle, entre 850'000 et 1 million de barils de pétrole par jour ne sont plus disponibles.
Mouammar Kadhafi lui-même a reconnu que la production pétrolière en Libye était "au plus bas", en raison du départ des compagnies pétrolières étrangères.
Le chef de l'AIE Nobuo Tanaka a tout de même estimé que l'Arabie saoudite était capable de compenser tout manque de pétrole sur le marché mondial dû aux troubles en Libye.
"Si l'augmentation de la production saoudienne, et dans le pire des cas le recours aux réserves stratégiques (des pays consommateurs), peut apaiser le marché à court terme, cela ne servira qu'à accentuer les problèmes d'une contraction de l'offre à l'avenir", a tempéré Amrita Sen.
D'autant que, avec la montée de la contestation à Oman, dans la péninsule arabique, "les craintes d'une contagion (des violences) dans la région effraient de plus en plus le marché", faisait-elle valoir.
Dans ce contexte, les opérateurs, suspendus aux tensions géopolitiques, ont fait peu de cas des chiffres hebdomadaires des stocks pétroliers aux Etats-Unis.
Selon le département américain de l'Energie (Dole), les stocks de brut ont enregistré la semaine dernière une baisse inattendue de 400'000 barils, après une longue série de hausses hebdomadaires.
Les réserves d'essence ont chuté de 3,6 millions de barils, là encore une surprise car les analystes tablaient sur une augmentation de 100'000 barils. Les stocks de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) ont quant à eux reculé de 800'000 barils, un repli moins prononcé qu'attendu.
rp
(AWP/02 mars 2011 18h30)