Le brut en nette baisse à New York, plombé par des craintes européennes
(reprise de la veille)
New York - Les prix du pétrole ont nettement reculé lundi à New York, plombés par un regain de frilosité des investisseurs sur fond d'incertitudes politiques en zone euro, et par des prises de bénéfices après huit semaines consécutives de hausse.
Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars a lâché 1,60 dollar à 96,17 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars a terminé à 115,60 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 1,16 dollar par rapport à la clôture de vendredi.
"A peu près tous les facteurs qui avaient accompagné la hausse des prix du brut la semaine dernière se sont inversés aujourd'hui: le regain d'optimisme sur les marchés des actions, le soutien d'un euro fort (et d'un dollar faible), c'est maintenant tout le contraire", a résumé Matt Smith, de Schneider Electric.
"Les courtiers voient que l'Espagne n'est toujours pas sortie d'affaire", a relevé John Kilduff, de Again Capital.
Madrid fait face à un scandale de corruption dans lequel le nom du chef du gouvernement de droite, Mariano Rajoy, est apparu, ajoutant à la crise économique et sociale que traverse le pays une crise de confiance envers les dirigeants politiques et un profond malaise dans l'opinion publique.
En outre, le chômage est reparti à la hausse en Espagne au mois de janvier après une légère baisse le mois d'avant.
En Italie, la nervosité s'accentuait à quelques semaines de nouvelles élections les 24 et 25 février, et alors que l'ancien premier ministre Silvio Berlusconi, jugé peu rassurant pour la stabilité des marchés financiers, gagnait des places dans les enquêtes d'opinion.
Ces craintes assombrissaient les perspectives de demande en brut dans la zone euro et rendaient les investisseurs plus hésitants à l'égard d'achats d'actifs jugés plus risqués, comme les matières premières.
Ce contexte favorisait d'autre part un renchérissement du dollar sur le marché des devises, considéré comme une valeur refuge, et pénalisait l'acquisition d'or noir, libellé en dollar, pour les acheteurs munis d'autres monnaies.
D'autre part, "la perspective d'une reprise des négociations entre les puissances occidentales et l'Iran fait baisser la prime de risque géopolitique sur l'approvisionnement en brut" au Moyen-Orient, a noté M. Kilduff.
Les grandes puissances du groupe 5+1 (les cinq membres du Conseil de sécurité -Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne- + l'Allemagne) ont proposé à l'Iran au cours du week-end une réunion le 25 février au Kazakhstan pour tenter de relancer, après des mois d'interruption, les négociations diplomatiques sur son programme nucléaire controversé.
Dans le cadre d'une politique de sanctions visant à faire pression sur l'Iran pour l'obliger à freiner ce programme, condamné par six résolutions de l'ONU, un embargo européen interdit toute importation de pétrole iranien.
Pour M. Smith, enfin, "il est normal que le brut cède du terrain après s'être apprécié pendant huit semaines de suite, et que les courtiers procèdent à quelques prises de bénéfices".
rp
(AWP / 05.02.2013 06h21)