L'Opep devrait laisser inchangé son plafond de production
Londres - Prise en étau entre une économie convalescente et des tensions persistantes au Moyen-Orient, l'Opep devrait reconduire mercredi son plafond de production, pourtant peu respecté, mais ses membres pourraient en revanche ferrailler autour de la désignation d'un nouveau secrétaire général.
Les ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) se retrouveront mercredi à Vienne au siège du cartel, mais "il ne faut s'attendre à aucune décision majeure concernant leur production", estime Manouchehr Takin, analyste du Centre mondial d'études énergétiques (CGES), basé à Londres.
L'Opep, qui pompe environ 35% de l'offre mondiale d'or noir, avait adopté en décembre 2011 un plafond limitant la production totale de ses douze Etats membres à 30 millions de barils par jour (mbj) sans impartir de quotas individuels -- un plafond reconduit en juin après une dégringolade des prix du brut.
Depuis, les cours du baril se sont stabilisés et sont cantonnés depuis un mois et demi à Londres entre 108 et 112 dollars, non loin du niveau de 100 dollars jugé "satisfaisant" par l'Arabie saoudite, principal pays exportateur et chef de file du cartel.
"En l'absence d'un emballement des prix, il n'y a aucune raison que les Saoudiens poussent à une augmentation de la production. Et vu le niveau élevé des cours, il n'y a pas non plus lieu de déclencher des réductions de l'offre", a expliqué à l'AFP Harry Tchilinguirian, analyste de BNP Paribas.
Le marché reste de fait écartelé entre les perspectives incertaines de l'économie mondiale, susceptible de faire trébucher la demande énergétique, et des tensions toujours vives au Moyen-Orient, de l'Egypte à la Syrie en passant par Gaza, qui alimentent les craintes de perturbations des acheminements de brut.
Cependant, "c'est avant tout la production réelle qui importe", a tempéré M. Tchilinguirian, notant que "ce plafond collectif ne veut plus dire grand chose quand l'un des membres (l'Iran) est assujetti à des sanctions internationales".
Le cartel pompait en effet en octobre 31,16 mbj de brut, selon l'Agence internationale de l'Energie (AIE), très au-dessus du plafond de 30 mbj établi il y a un an -- et ce en dépit de l'effondrement de la production iranienne (-25% en un an), l'Arabie saoudite ayant nettement gonflé son offre pour compenser.
Selon M. Takin, malgré le statu quo attendu sur le plafond, les pays de l'Opep pourraient toutefois "se tenir prêts à réduire leur production" réelle en cas de dégradation de la conjoncture faisant chuter les cours, car "on s'attend à ce que la demande pour le brut de l'Opep baisse significativement en 2013".
Le secrétaire général de l'Opep, Abdallah El-Badri, avait lui-même convenu mi-novembre que le marché était "très bien approvisionné", alors même que la consommation mondiale d'or noir s'émousse.
"DISCUSSIONS ÉCHAUFFÉES" SUR LE NOUVEAU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL
En revanche, "il faut s'attendre à des discussions plus échauffées sur l'identité du prochain secrétaire général", a averti Jason Schenker, président du cabinet Prestige Economics.
On s'attend en effet à ce que les ministres choisissent mercredi un successeur à M. El-Badri, dont le mandat s'achève à la fin de l'année. Une question laissée en suspens lors de leur réunion de juin.
L'Equatorien Wilson Pastor-Morris ayant indiqué début décembre qu'il retirait sa candidature, restent en lice les candidats de l'Iran et de l'Arabie saoudite --qui devraient peiner à faire consensus en raison de la rivalité entre Ryad et Téhéran --, ainsi que l'irakien Thamir Ghadhban.
Désigné à l'unanimité pour un mandat de trois ans, le secrétaire général de l'Opep a essentiellement une fonction de représentation, mais est également chargé de préparer les réunions et de favoriser les rapprochements entre les vues souvent divergentes des Etats.
rp
(AWP / 10.12.2012 06h24)