Le brut dégringole de 3 dollars, miné par les turbulences en zone euro
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre, échangé sur l'IntercontinentalExchange (ICE) de Londres, valait 103,74 dollars, en baisse de 3,09 dollars par rapport à la clôture de vendredi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en septembre, dont c'est le premier jour comme contrat de référence, abandonnait pour sa part 2,74 dollars à 89,09 dollars.
"Les inquiétudes sur la zone euro reviennent, encore une fois, sur le devant de la scène", tirant nettement vers le bas les prix de l'or noir, soulignait David Hufton, analyste du courtier PVM.
"Après sept jours de hausses consécutives (dopés par les tensions géopolitiques au Moyen-Orient, ndlr), la montée irrésistible des cours du baril a connu un coup d'arrêt vendredi" et le marché creusait ses pertes lundi, "minés par le renchérissement du dollar et les nouvelles de plus en plus inquiétantes sur l'Espagne", a poursuivi M. Hufton.
Le marché n'a pas été rassuré par le plan de la zone euro d'aide aux banques espagnoles, dont les modalités ont été arrêtées vendredi, et l'appel à l'aide de la région espagnole de Valence, à cours de liquidités, a ravivé la nervosité des investisseurs, qui redoutent le scénario d'un sauvetage international de l'Espagne.
Signe de la défiance des investisseurs, le taux d'intérêt à dix ans de l'Espagne continuait à s'envoler lundi au-dessus des 7%, un niveau jugé insoutenable sur la durée, et l'euro, considéré comme un actif risqué, évoluait autour de 1,21 dollar, à des niveaux plus vus depuis plus de deux ans.
Ce net renforcement du billet vert face à la monnaie européenne rendait encore moins attractifs les achats de pétrole, libellés en dollars, pour les investisseurs détenant d'autres devises, ce qui contribuait à plomber les prix.
"Des articles de presse indiquant que le Fonds monétaire international (FMI) était réticent à apporter une aide supplémentaire à la Grèce", ce qui pourrait précipiter une sortie du pays de la zone euro, "ont encore accru les inquiétudes des opérateurs et la glissade des Bourses comme des marchés de matières premières", ajoutaient les experts du cabinet viennois JBC Energy.
Cependant, "une séries d'attentats en Irak et l'explosion d'un oléoduc (en Turquie) pourraient enrayer" le plongeon des cours du brut, estimaient-ils.
Une série d'attaques a fait au moins 107 morts en Irak lundi, journée la plus sanglante qu'ait connu le pays en plus de deux ans. Par ailleurs, une explosion a endommagé dans le week-end un oléoduc irako-turc dans le sud-est de la Turquie, provoquant une coupure de l'approvisionnement en pétrole irakien.
"Les tensions géopolitiques au Moyen-Orient sont beaucoup plus fortes qu'il y a un mois", en particulier dans le dossier iranien, et devraient continuer de soutenir le marché pétrolier, commentait de son côté David Hufton.
La semaine dernière, à la suite d'un attentat contre un bus de touristes qui a tué au moins cinq ressortissants israéliens en Bulgarie, Tel Aviv a promis des représailles, accusant l'Iran d'être le commanditaire et le Hezbollah libanais l'exécutant.
rp
(AWP / 23.07.2012 18h31)