Le brut finit en hausse, malgré le discours mitigé de Ben Bernanke
(reprise de la veille)
New York - Les cours du pétrole ont clôturé en hausse mardi à New York malgré le discours en demi-teinte du patron de la Fed, Ben Bernanke, les tensions au Moyen-Orient et le repli du dollar offrant du soutien au marché.
Le baril de référence pour livraison en août a gagné 79 cents à 89,22 dollars par rapport à la clôture de lundi sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre, échangé sur l'IntercontinentalExchange (ICE) de Londres, et dont mardi était le premier jour comme contrat de référence, a terminé à 104,00 dollars, en hausse de 63 cents par rapport à la clôture de lundi.
Très attendu par le marché, le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, a livré devant le Congrès américain un discours peu surprenant. Il a reconnu que la croissance économique du pays s'était encore affaiblie au printemps et que les perspectives d'amélioration sur le front du chômage étaient plutôt moroses. Bien qu'il ait réaffirmé que l'institution était prête à soutenir davantage la reprise, si nécessaire, il est resté vague sur un éventuel échéancier.
"Au début, on a lourdement chuté, il y a eu une certaine déception car il n'a pas évoqué de mesure d'assouplissement monétaire", comme réclamé par Wall Street, a noté Bart Melek, stratège en chef chez TD Securities.
Après avoir perdu près d'un dollar après les propos de M. Bernanke, les cours ont peu à peu effacé leurs pertes et sont repartis à la hausse, à mesure que le dollar ployait face à l'euro.
"On spécule sur une action à venir de la Fed, pas imminente, mais proche ... mais qui sait? Ce n'est pas la première fois qu'on fait ce genre de conjectures", a ajouté M. Melek.
Le billet vert reculait car le marché s'attendait en effet à de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire, qui auraient pour effet de diluer la valeur du dollar. Ceci avait pour conséquence de pousser les investisseurs vers l'euro, or une baisse de la monnaie américaine soutenait les achats de brut pour les investisseurs munis de devises étrangères.
Par ailleurs, l'or noir a été porté par "le réchauffement" de la situation dans le Golfe, a dit M. Melek.
"Les tensions dans le Golfe énervent le marché", a confirmé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, à propos de l'incident qui a opposé lundi, au large de Dubaï, un navire de l'US Navy à une embarcation à proximité, dans un contexte de tensions accrues avec l'Iran.
Selon un responsable des Emirats arabes unis, un pêcheur indien a été tué et trois autres ont été blessés par des tirs du bâtiment américain, le pétrolier-ravitailleur USNS Rappahannock. L'armée américaine a expliqué avoir fait usage d'une mitrailleuse lourde contre l'embarcation civile "après qu'elle n'eut pas répondu aux avertissements et alors qu'elle se rapprochait rapidement".
Cet incident, qui intervient dans un contexte de vives tensions avec l'Iran, inquiétait les opérateurs pétroliers. "Quelles ramifications cette histoire implique-t-elle, quelles sont les conséquences à venir?" se demandait M. Lipow, pour résumer les interrogations du marché.
Pour les experts de Commerzbank, si on fait abstraction des craintes pour l'approvisionnement causées par l'Iran et de l'espoir d'un nouveau plan de relance de la Fed, "les arguments sont minces pour justifier la récente hausse des cours".
rp
(AWP / 18.07.2012 06h21)