Le brut tombe sous 80 dollars à New York, inquiétudes sur la demande
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août, échangé sur l'IntercontinentalExchange (ICE) de Londres, valait 90,82 dollars, en baisse de 1,87 dollar par rapport à la clôture de mercredi.
Il est descendu vers 15H30 GMT à 90,30 dollars, au plus bas depuis le 10 décembre 2010.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance, lâchait quant à lui 1,90 dollar à 79,55 dollars, évoluant sous le seuil de 80 dollars depuis la première fois depuis début octobre.
"Les investisseurs réagissent aux perspectives de plus en plus ternes de l'économie mondiale en se désengageant du marché du brut", vu comme un actif à risques, observait David Morrison, analyste du courtier GFT Markets.
Les opérateurs ont ainsi digéré jeudi une salve de statistiques décevantes, de mauvais augure pour la demande pétrolière mondiale.
Dès les échanges asiatiques, les cours du baril ont été sous la pression de l'annonce d'une nouvelle baisse de l'activité manufacturière en Chine, deuxième pays consommateur de brut au monde, où elle a atteint en juin son plus bas niveau en sept mois, selon un indice publié par la banque HSBC.
L'activité du secteur privé en Europe a quant à elle enregistré en juin une nouvelle contraction, et "pour noircir encore le tableau, l'activité manufacturière de la région de Philadelphie a aussi diminué en juin et les inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis se sont avérées décevantes", continuait M. Morrison.
La situation de la zone euro, et en particulier la santé de l'économie espagnole, minée par les difficultés du secteur bancaire du pays, contribuait également à alimenter le repli du marché, qui redoute de voir l'Espagne contrainte de demander un plan de sauvetage international.
De plus, "certains investisseurs se montrent déçus que la Réserve fédérale américaine (Fed) n'ait pas mentionné de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire", expliquait Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital.
De telles injections ont pour effet de stimuler les investissements dans les matières premières, mais aussi de diluer la valeur du dollar.
La Fed ayant écarté jeudi de renouveler ce type de mesure, le billet vert se trouvait en conséquence revigoré jeudi, ce qui contribuait à rendre moins attractifs les achats de brut libellés en dollars pour les investisseurs munis d'autres devises.
"L'absence de nouvel assouplissement monétaire (de la part de la Fed) amoindrit la perspective de nouveaux flux d'investissements alimentant les marchés des matières premières et du pétrole", soulignait Olivier Jakob, analyste de la société suisse Petromatrix.
Pour les analystes de Barclays Capital, après avoir déjà dégringolé de 35 dollars en l'espace de trois mois, "il semble que les prix du baril n'ont pas encore atteint un plancher" et pourraient donc descendre encore plus bas.
"Tant qu'une solution permanente n'aura pas été trouvée aux problèmes de la zone euro, l'économie mondiale devrait rester empêtrée dans la crise actuelle, et l'aversion persistante (des opérateurs) pour les actifs risqués devrait rendre difficile tout rebond durable des prix du pétrole", estimaient-ils.
rp
(AWP / 21.06.2012 18h30)