Le brut tombe sous 80 dollars à New York, dans un marché déçu par la Fed
Vers 10H10 GMT (12H10 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août, échangé sur l'IntercontinentalExchange (ICE) de Londres, valait 91,75 dollars, en baisse de 94 cents par rapport à la clôture de mercredi.
Il est descendu vers 07H40 GMT à 91,00 dollars, au plus bas depuis décembre 2010.
Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance, lâchait quant à lui 80 cents à 80,65 dollars.
Il a brièvement glissé, en début d'échanges européens, sous la barre de 80 dollars, pour la première fois depuis huit mois, tombant jusqu'à 79,92 dollars vers 07H30 GMT, son plus bas niveau depuis le 7 octobre.
"Les cours du pétrole pâtissent d'un important mouvement de vente et d'un renforcement du dollar, certains investisseurs se montrant déçus que la Fed n'ait pas mentionné de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire", expliquait Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital.
La banque centrale américaine a annoncé mercredi une prolongation jusqu'à la fin de l'année de son "opération Twist" d'échanges d'obligations du Trésor américain, mais pas de nouvelles injections de liquidités dans l'économie, décevant les attentes d'une partie du marché.
De telles injections ont pour effet de stimuler les investissements dans les matières premières, mais aussi de diluer la valeur du dollar.
La Fed semblant écarter pour le moment de renouveler ce type de mesure, le billet vert se trouvait en conséquence revigoré jeudi, ce qui contribuait à rendre moins attractifs les achats de brut libellés en dollars pour les investisseurs munis d'autres devises.
"L'absence de nouvel assouplissement monétaire (de la part de la Fed) amoindrit la perspective de nouveaux flux d'investissements alimentant les marchés des matières premières et du pétrole", soulignait Olivier Jakob, analyste de la société suisse Petromatrix.
Les cours du pétrole étaient par ailleurs sous le coup de l'annonce d'une nouvelle baisse de l'activité manufacturière en Chine, le deuxième pays consommateur de brut, où elle a atteint en juin son plus bas niveau en sept mois, selon un indice publié jeudi par la banque HSBC.
De plus, "les cours pourraient pâtir encore davantage des inquiétudes macroéconomiques, alors que l'attention des investisseurs se tourne vers la zone euro", et notamment la situation de l'Espagne, minée par la fragilité de son secteur bancaire, ajoutait M. Kryuchenkov.
La publication jeudi d'un premier audit indépendant sur les banques espagnoles devrait ainsi être très scrutée par le marché, qui redoute que l'aide de 100 milliards d'euros décidée au début du mois par les partenaires européens du pays ne s'avère insuffisante.
Enfin, sur le marché américain, "les chiffres du Département américain de l'Energie (DoE) n'ont rien arrangé", rappelait de surcroît M. Kryuchenkov.
Le DoE a ainsi fait état jeudi d'un gonflement inattendu des stocks de brut de 2,9 millions de barils lors de la semaine achevée le 15 juin, à un niveau proche d'un record en 22 ans atteint en mai, renforçant les craintes sur la solidité de la demande d'or noir aux Etats-Unis, premier pays consommateur de brut.
tt
(AWP / 21.06.2012 12h40)