Le brut finit en hausse, le marché retient son souffle pour la Grèce
(reprise de vendredi soir)
New York - Les cours du pétrole ont terminé en petite hausse vendredi à New York dans un marché sans animation, suspendu au vote de dimanche en Grèce devant décider de l'avenir du pays en zone euro et, espérait-il, du déclenchement d'un nouveau plan d'assouplissement monétaire.
Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juillet a progressé de 12 cents par rapport à jeudi, à 84,03 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août, dont c'est le premier jour comme contrat de référence, a fini sur l'IntercontinentalExchange (ICE) de Londres à 97,61 dollars, en hausse de 44 cents par rapport à la clôture de jeudi.
"Le marché termine vraiment à plat une semaine très pauvre" en facteurs favorables à une hausse des cours, a commenté Rich Ilczyszyn, de iiTrader.com
Les opérateurs sont réservés avant les élections législatives en Grèce, qui doivent mettre un nouveau gouvernement à Athènes, dans un contexte de grogne généralisée contre les mesures d'austérités négociées par les bailleurs du pays.
Malgré l'absence de nouveaux sondages à quelques jours du scrutin, les observateurs pensent que les partis pro et anti-austérité sont au coude-à-coude lors de ces nouvelles élections législatives qui pourraient déterminer l'avenir de la Grèce dans l'Union monétaire.
Nombre d'investisseurs craignent une victoire de la coalition de la gauche radicale grecque, emmenée par Alexis Tsipras et son parti Syriza, opposée au plan d'austérité imposé par les bailleurs de fonds du pays en échange de leur aide.
Le marché est animé par des rumeurs selon lesquelles en cas de victoire de la gauche anti-austérité, les grandes banques centrales mèneraient une action concertée pour injecter des liquidités dans les marchés financiers.
"Une mauvaise nouvelle se retournera en bonne nouvelle", a résumé M. Ilczyszyn.
En cas de victoire des partis pro-européens, il faut s'attendre à ce que le marché baisse "car la banque centrale européenne n'agira pas et une action de la Réserve fédérale américaine sera moins probable", a-t-il ajouté.
Pour nombre d'observateurs, l'éventualité d'une action de la Fed a été renforcée par les statistiques décevantes publiées vendredi aux Etats-Unis, a remarqué Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Notamment, l'activité de l'industrie manufacturière dans la région de New York a chuté en juin, à un niveau nettement inférieur aux attentes des analystes, et le plus bas depuis novembre.
"La poursuite des mauvaises statistiques économiques aux Etats-Unis s'ajoute (à la crise) européenne et au ralentissement en Chine", a commenté Matt Smith, de Summit Energy (Groupe Schneider Electric).
Par ailleurs, les courtiers ont continué à étudier les conclusions de la réunion à Vienne de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).
Sans grande surprise, le plafond de 30 millions de barils par jour (mb/j) pour l'ensemble des 14 Etats membres a été conservé, bien que cette limite, fixée depuis six mois, soit peu respectée: en mai, l'offre de l'Opep se hissait à 31,86 mb/j, notamment gonflée par une nette hausse de la production en Arabie saoudite, en Irak et en Libye.
Abdallah el-Badri, secrétaire général de l'organisation, a demandé aux membres du cartel de "diminuer leur offre de 1,6 mb/j au total".
Les cours de l'or noir "sont maintenant entre les mains de l'Arabie Saoudite car le pays a réitéré son engagement à soutenir sa production et à maintenir les prix sous les 100 dollars le baril", a noté Andy Lipow.
Le cartel, en particulier Ryad, a en effet résisté aux pressions des deux "faucons", le Venezuela et l'Iran, soucieux d'abaisser la production pour relancer les prix à la hausse.
Les analystes de Barclays mettaient en garde toutefois contre une lecture "simpliste" opposant "faucons et colombes". En effet, ont-ils expliqué, les vues du Venezuela et de l'Iran "sont basées sur un haut degré de prudence et d'aversion pour le risque plutôt qu'une position seulement dogmatique et agressive en faveur de prix plus élevés".
rp
(AWP / 18.06.2012 06h21)