Le brut finit en hausse à New York: espoir d'une intervention de la Fed
(reprise de la veille)
New York - Les cours du pétrole ont fini en hausse jeudi à New York dans un marché spéculant sur une future mesure d'assouplissement monétaire des autorités américaines après un recul de l'inflation en mai aux Etats-Unis, premier consommateur mondial de brut.
Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juillet a gagné 1,29 dollar par rapport à mercredi, à 83,91 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance sur l'IntercontinentalExchange (ICE) a terminé à 97,03 dollars, en repli de 10 cents par rapport à la clôture de mercredi.
"Avec les chiffres de ce matin, on s'attend à ce que le Comité de politique monétaire de la Fed décide lors de sa réunion de mercredi (prochain) de mettre en oeuvre des mesures de relance", a souligné Bart Malek, stratège de TD Securities.
La baisse des prix à la consommation "augmente les possibilités d'un plus gros plan" de relance de la Réserve fédérale, a abondé Phil Flynn, analyste de Price Future Group.
Les prix à la consommation ont baissé aux Etats-Unis en mai pour la première fois en deux ans, aidés par une chute des coûts de l'énergie.
En données corrigées des variations saisonnières, ces prix ont reculé de 0,3% par rapport au mois précédent, alors que les analystes tablaient sur un recul de 0,2%.
Mai a été marqué par un regain de tensions dans la crise de la dette européenne et des inquiétudes pour la croissance mondiale, qui ont durement touché les marchés de matières premières.
Les mesures de la Fed se traduisent habituellement par des injections de liquidités dans l'économie qui ont pour effet de diluer la valeur de la monnaie américaine, rendant ainsi plus attractifs les achats de brut, libellés en dollar, pour les investisseurs munis d'autres devises.
De plus, ces injections de fonds permettent de stimuler les échanges et donc la demande des investisseurs pour des actifs jugés risqués, comme les matières premières.
En outre, le marché pétrolier a suivi avec intérêt la réunion à Vienne des ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). "Ils n'ont rien annoncé à propos de la production, donc la réponse (des opérateurs) a été assez neutre", a dit M. Melek.
Le cartel a décidé de laisser inchangé son plafond de production, fixé depuis décembre à 30 millions de barils par jour (30 mbj) pour l'ensemble de ses Etats membres.
Ce plafond est déjà largement dépassé, de près de 2 mbj, notamment en raison d'une forte hausse de la production de brut ces derniers mois en Arabie saoudite, en Libye et en Irak. Certaines voix au sein de l'Opep s'étaient faites entendre récemment pour demander un allègement des quotas, accusant la surproduction actuelle d'être en partie responsable de la baisse des cours.
Dans ce contexte d'offre excédentaire, le marché pétrolier "semble se moquer" de l'entrée en vigueur de l'embargo européen sur le pétrole le 1er juillet, a remarqué M. Melek.
Enfin, le marché était anxieux avant le nouveau scrutin législatif en Grèce prévu dimanche. Les investisseurs craignent une victoire de la gauche radicale grecque, opposée aux plans d'austérité voulus par les bailleurs de fonds du pays en échange de leur aide.
Une éventuelle sortie d'Athènes de la zone euro renforcerait les pressions qui pèsent sur l'économie européenne, risquant de plomber lourdement la demande énergétique de la région, mais aussi la croissance économique mondiale.
rp
(AWP / 15.06.2012 06h21)