Le brut s'effondre à New York: 83,23 dollars le baril
(reprise de vendredi soir)
New York - Les cours du pétrole ont lourdement chuté à New York vendredi, les investisseurs craignant une détérioration de la santé économique, déjà fragile, des Etats-Unis après une hausse inattendue du chômage dans ce pays.
Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juillet a perdu 3,30 dollars par rapport à la clôture de jeudi, à 83,23 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
Les cours retrouvent un niveau plus vu depuis le 7 octobre. Ils ont chuté de près de 23 dollars en un mois, soit 22%.
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet terminé à 98,43 dollars, en baisse de 3,44 dollars par rapport à la clôture de la veille. Il a dégringolé jusqu'à 97,54 dollars, son plus bas niveau depuis le 8 février 2011.
"Le rapport sur l'emploi a assommé le marché", a résumé Matt Smith, de Summit Energy (groupe Schneider Electric), soulignant que "tout est en train de s'aggraver sur de nombreux fronts".
Le taux de chômage est remonté en mai, pour s'établir à 8,2%, alors que les embauches progressaient à leur rythme le plus faible en douze mois, selon des chiffres officiels publiés à Washington.
Le pays a créé 69'000 emplois de plus qu'il n'en détruisait en mai, indique le rapport sur l'emploi du département du Travail. L'estimation médiane des analystes donnait 150'000 créations d'emploi pour ce mois-là, et un taux de chômage stable, à 8,1%.
Ces statistiques sont "faibles" et "soulignent que le ralentissement économique aux Etats-Unis est plus fort que ce que croyait le marché", a résumé Bart Melek, stratège chez TD Securities.
"Les nuages noirs continuent de s'amonceler autour de la demande pétrolière en 2012 avec les dernières données économiques en Europe, aux Etats-Unis et en Chine", ont observé les analystes de JPMorgan.
"Et au delà de tout ça, vous avez la production industrielle en Chine qui est ressortie plus faible", a dit M. Smith, expliquant que ces derniers développements avaient forcé le marché à "se réajuster".
L'activité manufacturière en Chine a ainsi continué à se détériorer en décembre sous l'effet de la crise sur les marchés européen et américain, selon l'indice PMI des directeurs d'achat publié vendredi par la banque HSBC.
L'indice définitif PMI s'élève à 48,7, après 47,7 le mois dernier, a annoncé la banque. Un chiffre supérieur à 50 indique une expansion, un chiffre inférieur une contraction.
Dans ce contexte, le très net renchérissement du dollar (vu comme une valeur refuge) face à un euro sous pression tend à accélérer la baisse des cours du baril, rendant encore moins attractifs les achats de brut libellés dans la monnaie américaine pour les opérateurs munis d'autres devises.
"Mais le récent repli du marché n'aurait pas été aussi impressionnant si l'offre mondiale de pétrole n'était pas à ce point surabondante", notamment en provenance d'Arabie saoudite, a rappelé Filip Petersson, analyste de la banque SEB.
Signe de cet excédent de production, les réserves de brut aux Etats-Unis ont enregistré un nouveau bond de 2,2 millions la semaine dernière, atteignant leur plus haut niveau depuis fin juillet 1990, juste avant le déclenchement de la Guerre du Golfe.
rp
(AWP / 04.06.2012 06h21)