Le brut sous 100 dollars à Londres, au plus bas depuis février 2011
Vers 16H10 GMT (18H10 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet valait 98,79 dollars à Londres, en baisse de 3,08 dollars par rapport à la clôture de la veille. Il a dégringolé jusqu'à 97,70 dollars vers 12H30 GMT, son plus bas niveau depuis le 8 février 2011.
De son côté, le baril de brut texan "light sweet crude" (WTI) lâchait 2,91 dollars à 83,62 dollars, après avoir glissé jusqu'à 82,56 dollars, un niveau plus vu depuis le 10 octobre.
Après avoir dégringolé de plus de 15% sur le mois de mai, "les cours du baril entament le mois de juin sur une note très sombre", a commenté Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden.
"Un indicateur en berne en Chine a contribué à accentuer l'aversion des investisseurs pour les actifs jugés risqués (comme les Bourses ou les matières premières, ndlr), ravivant la crainte d'un sérieux ralentissement de la croissance économique mondiale", a-t-elle expliqué à l'AFP.
Ainsi, un indice PMI publié vendredi par un organisme proche du gouvernement chinois a enregistré en mai un recul bien plus prononcé qu'attendu, traduisant un fort ralentissement de l'activité manufacturière dans le pays --deuxième consommateur de brut de la planète.
"La dégringolade des cours s'est encore accentuée après le terrifiant rapport sur l'emploi aux Etats-Unis", premier pays consommateur de brut, a observé de son côté Fawad Razaqzada, analyste du courtier GFT Markets.
Le taux de chômage des Etats-Unis est ainsi remonté en mai pour la première fois en un an, alors que les embauches progressaient à leur rythme le plus faible en douze mois, et bien moins qu'attendu.
"Les investisseurs doivent désormais affronter le fait que la jolie histoire sur la reprise américaine, si populaire il y a encore un mois, ressemble de plus en plus à un conte de fées déconnecté de la réalité", a commenté M. Razaqzada.
"Les espoirs que les Etats-Unis viennent à la rescousse pour contrer le ralentissement économique en Chine et en Europe ont été sérieusement douchés" par les chiffres de l'emploi, a-t-il estimé.
Par ailleurs, "la zone euro reste un facteur évident de pression sur les cours, alors que s'avivent les peurs d'une nouvelle vague de contagion de la crise des dettes souveraines et que les responsables européens semblent paralysés", a ajouté Filip Petersson, analyste de la banque SEB.
L'Espagne concentre notamment l'attention des marchés depuis l'annonce de la nécessité d'un sauvetage public de Bankia, première prêteur du pays, pour 23,5 milliards d'euros au total, dont 19 milliards restent à trouver, et alors que les taux obligataires du pays s'envolent.
Dans ce contexte, le très net renchérissement du dollar (vu comme une valeur refuge) face à un euro sous pression tend à accélérer la baisse des cours du baril, rendant encore moins attractifs les achats de brut libellés dans la monnaie américaine pour les opérateurs munis d'autres devises.
"Mais le récent repli du marché n'aurait pas été aussi impressionnant si l'offre mondiale de pétrole n'était pas à ce point surabondante", notamment en provenance d'Arabie saoudite, a rappelé M. Petersson.
Signe de cet excédent de production, les réserves de brut aux Etats-Unis ont enregistré un nouveau bond de 2,2 millions la semaine dernière, atteignant leur plus haut niveau depuis fin juillet 1990, juste avant le déclenchement de la Guerre du Golfe.
fah
(AWP / 01.06.2012 18h42)