Le brut sous 100 dollars à Londres pour la première fois en 8 mois
Vers 09H10 GMT (11H10 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a glissé à Londres jusqu'à 99,60 dollars, son plus bas niveau depuis le 4 octobre, lâchant 2,27 dollars par rapport à la clôture de jeudi.
De son côté, le baril de brut texan "light sweet crude" (WTI) est descendu jusqu'à 84,52 dollars vers 10H20 GMT dans les échanges électroniques à New York, un niveau plus vu depuis le 20 octobre.
Après avoir dégringolé de plus de 15% sur le mois de mai, "les cours du baril entament le mois de juin sur une note pas très positive, dans des échanges extrêmement nerveux" avant des statistiques américaines cruciales, a commenté Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden.
"Un indicateur en berne en Chine a contribué à accentuer l'aversion des investisseurs pour les actifs jugés risqués (comme les Bourses ou les matières premières, ndlr), ravivant la crainte d'un sérieux ralentissement de la croissance économique mondiale", a-t-elle expliqué à l'AFP.
Ainsi, l'indice PMI des directeurs d'achat publié vendredi par un organisme proche du gouvernement chinois, a enregistré en mai un recul bien plus prononcé qu'attendu, traduisant un fort ralentissement de l'activité manufacturière dans le pays --deuxième consommateur de brut de la planète.
Par ailleurs, "la zone euro reste un facteur évident de pression sur les cours, alors que s'avivent les peurs d'une nouvelle vague de contagion de la crise des dettes souveraines et que les responsables européens semblent paralysés", a ajouté Filip Petersson, analyste de la banque SEB.
L'Espagne concentre notamment l'attention des marchés depuis l'annonce, le 25 mai, de la nécessité d'un sauvetage public de Bankia, première prêteur du pays, pour 23,5 milliards d'euros au total, dont 19 milliards restent à trouver.
La situation en Grèce reste quant à elle suspendue au nouveau scrutin du 17 juin, les opérateurs redoutant qu'une victoire des partis anti-austérité ne précipite la sortie du pays de la zone euro.
"Mais les Etats-Unis ont tout autant de mal à susciter l'optimisme des investisseurs : de plus en plus d'indices montrent qu'ils ne sont pas immunisés contre la crise européenne, et les signaux positifs (apparus ces derniers mois) pâlissent", a souligné de son côté Tamas Varga, du courtier londonien PVM.
Après l'annonce jeudi d'une révision en baisse de la croissance américaine au premier trimestre, les investisseurs attendaient vendredi avec nervosité le rapport mensuel sur l'emploi américain, considéré comme un baromètre important pour évaluer la santé économique du premier pays consommateur de brut au monde.
Dans ce contexte, le très net renchérissement du dollar (vu comme une valeur refuge) face à un euro sous pression tend à accélérer la baisse des cours du baril, rendant encore moins attractifs les achats de brut libellés dans la monnaie américaine pour les opérateurs munis d'autres devises.
"Mais le récent repli du marché n'aurait pas été aussi impressionnant si l'offre mondiale de pétrole n'était pas à ce point surabondante", notamment en provenance d'Arabie saoudite, a rappelé M. Petersson.
Signe de cet excédent de production, les réserves de brut aux Etats-Unis ont enregistré un nouveau bond de 2,2 millions la semaine dernière, atteignant leur plus haut niveau depuis fin juillet 1990, juste avant le déclenchement de la Guerre du Golfe.
fah
(AWP / 01.06.2012 13h19)