Le brut se replie dans un marché volatil toujours hanté par la zone euro
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet valait 106,51 dollars sur l'IntercontinentalExchange (ICE) de Londres, en baisse de 60 cents par rapport à la clôture de lundi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance cédait 18 cents, à 90,68 dollars.
"Beaucoup d'investisseurs restent très prudents sur les perspectives économiques de la zone euro et préfèrent se tenir à l'écart du marché en ce moment", un attentisme qui se traduisait par un volume d'échanges très limité, soulignait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden.
Dans ce contexte, "la volatilité reste extrêmement élevée sur le marché du pétrole", observait-elle par ailleurs. Après avoir évolué alternativement en baisse et en hausse au cours de la séance, le prix du Brent a accéléré soudainement son repli en fin d'échanges européens, alors que le dollar se renforçait nettement.
Un tel mouvement rend traditionnellement moins attractifs les achats de brut, libellé en dollar, pour les investisseurs munis d'autres devises.
Les prix "sont actuellement tiraillés" entre les risques géopolitiques dans le dossier iranien d'un côté et les craintes sur la zone euro de l'autre, estimait pour sa part Olivier Jakob, analyste de la société Petromatrix, notant que "les incertitudes en Grèce et le regain d'inquiétude sur l'Espagne" dominaient les opérateurs.
Les investisseurs redoutent notamment une victoire des partis anti-austérité lors d'élections législatives en Grèce le 17 juin, qui pourrait précipiter une sortie du pays de la zone euro, et s'inquiètent des difficultés du secteur bancaire espagnol, affaibli par ses actifs immobiliers à risque.
Alors que la troisième banque du pays par le nombre d'actifs, Bankia, vient de demander une aide publique record, la Banque d'Espagne a annoncé mardi qu'elle prévoyait une poursuite de la contraction de l'économie espagnole au deuxième trimestre 2012.
Par ailleurs, l'annonce aux Etats-Unis d'une nouvelle baisse du moral des consommateurs américains en mai, selon le baromètre publié par l'institut Conference Board, n'était pas de nature à rasséréner Les investisseurs.
Le marché restait cependant soutenu par les inquiétudes persistantes sur l'Iran. Le pays a rejeté dimanche tout abandon de l'enrichissement d'uranium à 20%, après l'échec des négociations reprises la semaine dernière avec le groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne).
"Le ton de ces négociations n'incite pas à l'optimisme, et à moins que les pays occidentaux ne présentent un meilleur compromis à Téhéran, le marché attendra la reprise des pourparlers (le 18 juin à Moscou, ndlr) avec un pessimisme accru", commentait M. Jakob.
Les cours du pétrole sont grossis depuis le début de l'année par une forte prime de risque liée aux sanctions internationales contre Téhéran, et notamment un embargo de l'Union européenne (UE) contre le brut iranien, décidé en janvier et devant être mis totalement en place en juillet.
"Il y a des risques à la fois pour l'offre (en cas d'escalade de la crise iranienne, ndlr) et pour la demande (en cas d'aggravation d'un environnement économique déjà morose, ndlr), mais les inquiétudes sur la demande restent les plus fortes, ce qui tend à accentuer les risques d'une baisse encore plus forte des cours" que celle observée ces dernières semaines, estimaient les experts de Commerzbank.
cha
(AWP / 29.05.2012 18h30)