Le brut à son plus bas à New York depuis octobre à 89,90 USD
(reprise de la veille)
New York - Les prix du pétrole ont terminé à leur plus bas depuis fin octobre mercredi, passant sous la barre des 90 dollars dans un marché hanté par les craintes persistantes d'une sortie de la Grèce de l'euro et pénalisé, du côté de l'offre, par des avancées dans le dossier iranien.
Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juillet, dont c'est le premier jour comme contrat de référence, a abandonné 1,95 dollar à 89,90 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), finissant à son plus bas depuis le 21 octobre.
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance a terminé à 105,56 dollars sur l'IntercontinentalExchange (ICE) de Londres, en baisse de 2,85 dollars par rapport à la clôture de mardi, à un plus bas depuis le 19 décembre.
"Le moins que l'on puisse dire, c'est que les marchés ne sont pas de bonne humeur aujourd'hui", a commenté Bart Melek, de TD Securities, alors que les cours du brut venaient de passer sous le seuil des 90 dollars pour la première fois en clôture depuis le 21 octobre dernier.
Selon les analystes, cette chute était liée en premier lieu à une atmosphère de peur et d'incertitude qui déstabilisait en premier lieu les actifs jugés les plus risqués comme les matières premières, et le brut notamment.
"C'est de toute part le chaos sur les marchés et on assiste à une baisse notable et généralisée de l'appétit pour le risque, avec un mouvement des investisseurs vers les bonds du Trésor américains et une hausse du dollar qui tend à faire baisser le prix des matières premières", a ajouté M. Melek.
En effet, le renchérissement du billet vert rendait moins attractifs les achats d'actifs libellés en dollars, comme le pétrole, pour les investisseurs munis d'autres devises.
Les craintes au sujet d'une sortie de la Grèce de la zone euro étaient de plus en plus vives, malgré l'ouverture mercredi soir à Bruxelles d'un sommet informel des dirigeants de l'Union européenne (UE), qui devait notamment aborder cette question.
"Cette volatilité, qui nous vient de Grèce, pourrait se transformer en quelque chose de plus insidieux encore, avec le déclenchement d'un effet de contagion" de cette crise de la dette à d'autres pays de la zone euro, a ajouté le courtier de TD Securities.
Les prix du pétrole new-yorkais étaient également plombés par les espoirs d'apaisement dans le dossier iranien, qui limitaient la prime de risque en partie à l'origine depuis le début de l'année du gonflement des cours de l'or noir.
Les investisseurs anticipaient en effet une issue positive alors que les négociations ont repris mercredi à Bagdad, entre l'Iran, soupçonné par les pays occidentaux de développer un programme nucléaire à visée militaire, et le Groupe "5+1" (Etats-Unis, France, Russie, Grande-Bretagne, Chine plus Allemagne).
"Les nouvelles en provenance de Bagdad font baisser le marché, avec l'annonce par l'AIEA d'un accord avec l'Iran au sujet de l'envoi d'une mission d'inspection dans le pays" visant à lever les incertitudes sur la nature du programme nucléaire iranien, a commenté Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.
En outre, les stocks de pétrole brut ont continué leur progression la semaine dernière aux Etats-Unis, augmentant de 900'000 barils lors de la semaine achevée le 18 mai pour s'établir à 382,5 millions de barils, selon des chiffres publiés mercredi par le département américain de l'Energie (DoE).
Cette nouvelle hausse amenait les réserves de brut aux Etats-Unis à un nouveau plus haut niveau depuis l'été 1990 - un signal jugé inquiétant sur la situation de la demande pétrolière du pays.
rp
(AWP / 24.05.2012 06h21)