En baisse dans un marché frileux et inquiet pour l'Europe
Vers 16H30 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai abandonnait 68 cents par rapport à la clôture de vendredi, à 112,50 dollars au cours des échanges électroniques. Les marchés était clos lundi en Grande-Bretagne en raison d'un jour férié.
Le baril de WTI "light sweet crude" pour livraison en juin se négociait à 97,18 dollars, en baisse de 1,31 dollar par rapport à la clôture de vendredi, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
Les cours de l'or noir poursuivaient ainsi leur repli après avoir plongé vendredi à la clôture, sous le seuil symbolique des 100 dollars pour le WTI, à un plus bas depuis février, à la suite de mauvais chiffres de l'emploi aux Etats-Unis. Les scrutins en Europe au cours du week-end ont accentué les appréhensions du marché.
"Bien évidemment, les élections en Grèce et en France sont au centre de l'attention des courtiers. Les marchés craignent que les nouveaux élus ne soutiennent pas les mesures d'austérité qui devaient être mises en place, il y a tout simplement beaucoup d'incertitude", a relevé Tom Bentz, directeur pour le marché des matières premières chez BNP Paribas à New York.
En France, François Hollande est devenu dimanche le premier président socialiste depuis 17 ans lors d'un vote-sanction contre le sortant conservateur Nicolas Sarkozy. Il a appelé de ses voeux une réorientation de la politique européenne, plus axée sur la croissance et moins sur l'austérité.
En Grèce, point de départ de la crise de la dette, l'austérité menée depuis deux ans sous la pression des bailleurs de fonds internationaux du pays a été massivement censurée par les électeurs qui ont laminé les deux partis pro-européens tenants de la rigueur.
"Les choses sont devenues moins claires et les investisseurs s'inquiètent. Outre un ralentissement de la création d'emplois aux Etats-Unis, on voit une crise de la dette en zone euro qui n'en finit plus, et tout cela pèse sur l'appétit du risque au sein du marché et emporte les prix du brut à la baisse", a ajouté Matt Smith, de Summit Energy (groupe Schneider Electric).
L'anxiété des investisseurs se traduisait en outre par un recul marqué de l'euro face au dollar, ce qui accentuait la pression sur les cours du pétrole.
En effet, une hausse du billet vert rend moins attractifs les achats d'actifs libellés en dollar pour les acheteurs munis d'autres devises.
Aux Etats-Unis, un rapport mensuel officiel sur l'emploi aux Etats-Unis, très attendu par les courtiers, a fait état vendredi d'un net ralentissement des créations d'emplois provoquant une forte chute des cours, de 4,05 dollars, les courtiers craignant un ralentissement de la reprise économique plus fort qu'anticipé et une baisse de la demande dans le premier pays consommateur d'or noir.
Si le taux de chômage officiel a baissé de 8,2% à 8,1% en avril, ce chiffre reflétait surtout pour les analystes la baisse de la population active, l'économie américaine ne créant que 115'000 emplois de plus qu'elle n'en a détruit en avril, contre 162'000 attendues.
A la suite de ces mauvais chiffres que les observateurs n'avaient pas anticipé, "on a connu une telle chute des prix vendredi que le seuil (symbolique) de 100 dollars a été cassé, alors que les courtiers s'attendaient à ce qu'il tienne et les investisseurs restent désormais très prudents" redoutant une nouvelle baisse des cours, a expliqué M. Smith.
cha
(AWP / 07.05.2012 18h51)