Le brut hésite; marché prudent où pèsent les craintes en zone euro
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin s'échangeait à 118,20 dollars, en baisse de 51 cents par rapport à la clôture de lundi.
En revanche, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin, dont c'est le deuxième jour comme contrat de référence, progressait de 47 cents à 103,58 dollars.
"Une série d'indicateurs économiques décevants accroît la pression sur les prix du pétrole et alimente les inquiétudes d'un ralentissement de l'économie mondiale", et donc les craintes sur les perspectives de la demande énergétique, observait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden.
Après des indicateurs d'activité moroses en Chine et en zone euro lundi, des statistiques publiées mardi aux Etats-Unis, premier pays consommateur mondial de brut, n'étaient pas pour rassurer les investisseurs, faisant état d'un nouveau recul du moral des ménages américains en avril et d'une chute inattendue des ventes de maisons neuves dans le pays en mars.
Par ailleurs, "les prix évoluent au gré des turbulences en zone euro, où les inquiétudes ont été accentuées lundi par la démission du gouvernement néerlandais, qui avait été un allié de l'Allemagne dans ses politiques d'austérité", et les résultats du premier tour de l'élection présidentielle française, soulignait Tamas Varga, analyste du courtier PVM.
La situation de l'Espagne continuait par ailleurs d'alarmer les opérateurs, qui doutent de sa capacité à financer son déficit sans aide extérieure: le pays a levé mardi 1,933 milliard d'euros sur le marché, mais a dû concéder des taux d'intérêt qui ont presque doublé depuis fin mars sur des échéances similaires.
Dans un tel environnement, "les investisseurs sont incités à engranger quelques bénéfices, alors que l'appétit pour les actifs jugés risqués (comme les matières premières, ndlr) reste limité", notait Mme Sokou.
Selon elle, le marché se montrait par ailleurs prudent, tournant son attention vers une réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed), dont les conclusions seront connues mercredi, "ce qui donnera une direction plus claire au dollar à court terme".
Une nouvelle injection par la Fed de liquidités pour soutenir l'économie, possibilité sur laquelle s'interrogeaient les analystes, contribuerait à affaiblir le dollar, ce qui rendrait plus attractifs les achats de brut, libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises.
Sur le front de l'offre, les craintes de tensions continuaient par ailleurs d'apporter un soutien aux prix du baril, notamment en raison de l'aggravation de problèmes techniques pénalisant la production en mer du Nord.
Ainsi, la production sur le champ de Buzzard, l'un des principaux en mer du Nord, qui produit en temps normal 200'000 barils par jour, a été interrompue suite à un incident samedi et même si la production "devrait redémarrer d'ici à deux jours", "les risques latents de perturbations de l'offre aident les cours" à résister, soulignaient les analystes de Commerzbank.
rp
(AWP / 24.04.2012 18h30)