Le brut finit en baisse à New York, dans un marché morose
(reprise de la veille)
New York - Les cours du pétrole ont fini en recul lundi à New York, pénalisés par un ensemble d'éléments baissiers tels que le ralentissement de l'industrie chinoise et les élections présidentielles en France.
Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin, dont c'est le premier jour de cotation, a cédé 77 cents par rapport à la clôture de vendredi, à 103,11 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a fini à 118,71 dollars, quasi stable par rapport à la clôture de vendredi (118,76 dollars).
Le marché avait ouvert en nette baisse avant d'effacer une partie de ses pertes et de stabiliser son repli.
"On a eu de fortes ventes ce matin pour on ne sait quelle raison, ce qui a renversé les gains enregistrés vendredi (...). Une fois encore le marché a été soutenu dans la baisse", a résumé Tom Bentz, de BNP Paribas.
Le marché a réagi très négativement aux derniers chiffres sur l'activité industrielle chinoise. L'indice PMI des directeurs d'achat de HSBC s'établit provisoirement à 49,1 en avril, contre 48,3 au mois de mars. Pour beaucoup, cela démontre que l'économie chinoise est en pleine phase de ralentissement.
Selon les analystes de JPMorgan, cet indicateur ne fait que confirmer que "la croissance économique chinoise a atteint un seuil au premier trimestre 2012".
En outre, la crise de la dette en zone euro continuait à inquiéter le marché des produits pétroliers, l'activité du secteur privé s'étant fortement contractée en avril dans la zone euro, à son plus bas niveau en cinq mois.
Selon plusieurs analystes, cela laissait penser que les pays de l'Union monétaire pourraient traverser une récession plus longue que prévu.
"Au vu de certains signes d'apaisement sur le front géopolitique et de l'humeur sombre des marchés, il existe un risque de nouvelles prises de position à la baisse dans les semaines à venir, qui pourraient peser sur les prix", ont estimé les experts de Commerzbank.
La situation en Europe "va davantage inquiéter si la crise n'est pas limitée à la périphérie (de la zone euro) mais s'étend aux poids-lourds régionaux que sont la France et l'Allemagne", a souligné JPMorgan.
Ces craintes étaient ravivées par un indicateur faisant état d'une forte contraction de l'activité du secteur privé en avril dans la zone euro, à son plus bas niveau en cinq mois, "ce qui suggère qu'une récession profonde et étendue dans la région est possible", a souligné Fawad Razaqzada, analyste du courtier GFT Markets.
Le marché était par ailleurs affecté par "l'incertitude grandissante qui entoure la situation politique en Europe", après l'arrivée du candidat socialiste François Hollande en tête des suffrages au premier tour de l'élection présidentielle française dimanche, a souligné M. Razaqzada.
Dans un tel environnement, "les cours du baril perdaient du terrain, et ce en dépit de nouvelles qui auraient dû soutenir les prix, comme l'interruption d'un oléoduc entre l'Irak et la Turquie, en raison de problèmes techniques", a souligné Peter Bassett, analyste du courtier Westhouse Securities.
De même, les opérateurs surveillaient la situation au Soudan, où le principal site d'exploitation pétrolière, dans la zone frontalière disputée de Heglig, a été très endommagé après les combats de ces dernières semaines entre les forces de Khartoum et celles du Soudan du Sud.
"Les perturbations dans la production mondiale continuent d'alimenter les tensions sur le marché du brut. Alors que le différend (entre le Soudan et le Soudan du Sud) a déjà entraîné l'interruption de la production sud-soudanaise de 350'000 barils par jour, l'escalade des violences pourrait désormais compromettre la production de 90000 barils par jour pompée au Soudan", ont averti les experts de JBC Energy.
rp
(AWP / 24.04.2012 06h21)