PETROLE
Les sanctions bancaires et pétrolières mises en place par les Etats-Unis et l'Union européenne ainsi que les pressions américaines sur de nombreuses entreprises ont entraîné une chute de la participation internationale à ce salon, qui n'accueillait cette année que 315 sociétés étrangères contre 496 en 2011, selon les chiffres des organisateurs.
Plusieurs anciens partenaires majeurs de l'Iran comme l'anglo-néerlandais Shell ou l'italien ENI étaient absents, et ceux encore présents, comme le français Total ou le norvégien Satoil, ont adopté un profil bas, refusant de parler à la presse en invoquant des "instructions" de leur direction.
Les compagnies chinoises, très présentes depuis le retrait de nombreuses entreprises occidentales consécutif aux sanctions, observent le même mutisme.
Mais les représentants de plusieurs équipementiers ou sous-traitants occidentaux ou asiatiques, parlant sous couvert d'anonymat, admettent de nombreux problèmes.
Selon un représentant de John Crane, filiale du groupe britannique Smiths qui fournit des équipements techniques à l'industrie pétrolière, la société a dû cesser de vendre à Téhéran des valves de haute-technologie fabriquées aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et au Japon.
Les sanctions ont entraîné "une pénurie d'équipements de haute-technologie ou de services très spécialisés" auparavant fournis par des sociétés occidentales à l'industrie pétrolière et gazière iranienne, confirme un responsable d'une grande société européenne.
Les entreprises chinoises tentent de combler le vide, ajoute-t-il. Mais selon lui "beaucoup sont en train de repartir pour des raisons commerciales, les contrats proposés par les Iraniens ne leur permettant pas de dégager suffisamment de profits".
De nombreux partenaires étrangers de l'industrie pétrolière iranienne se heurtent également aux sanctions bancaires qui compliquent les paiements.
Certains grands groupes se font payer en pétrole ou en gaz, pour des montants atteignant parfois des centaines de millions de dollars, témoigne un industriel européen.
D'une manière générale, les sociétés asiatiques semblent avoir moins de problèmes que leurs homologues européennes, car elles sont moins soumises aux pressions américaines et échappent partiellement aux effets de l'embargo bancaire.
Plusieurs pays comme la Chine, le Japon ou la Corée du Sud ont en effet mis en place des systèmes de compensation permettant de payer directement leurs entreprises exportant vers l'Iran avec l'argent dû pour le pétrole iranien et que Téhéran a désormais également du mal à rapatrier>.
Seung-Hwan Jung, responsable à l'exportation de la société sud-coréenne de matériel de soudure Kiswel, est l'un des rares exposants à accepter de parler librement. Il indique avoir doublé son chiffres d'affaires en un an, à 1,5 million de dollars, grâce au retrait de ses concurrents allemands.
Pour autant, son activité demeure "entravée par des problèmes politiques", admet-il sans entrer dans les détails.
Ces témoignages contrastent avec l'optimisme de façade affiché par les dirigeants iraniens, qui ne cessent d'affirmer publiquement que les sanctions occidentales n'ont qu'un effet marginal sur l'Iran, deuxième producteur de l'OPEP jugé incontournable avec ses quelque 3,5 millions de barils/jours, selon les chiffres du cartel pétrolier.
"Il est impossible de trouver des alternatives au pétrole iranien" dont 70% est exporté, a réaffirmé mercredi le ministre du pétrole Rostam Ghassemi en inaugurant le salon.
En dépit des sanctions, l'Iran a toujours l'objectif de porter sa production à 5 millions de barils/jours d'ici 2015, a-t-il affirmé, ignorant la lente mais régulière baisse de la production iranienne enregistrée depuis trois ans.
ds
(AWP / 18.04.2012 15h01)