Le brut en hausse à New York: le marché ignore le volontarisme d'Obama
(reprise de la veille)
New York - Les cours du pétrole ont fini en nette hausse mardi à New York, portés par des développements économiques encourageants des deux côtés de l'Atlantique, le marché ne prêtant guère attention au volontarisme affiché par le président américain Barack Obama.
Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai a progressé de 1,27 dollar par rapport à la clôture de lundi, à 104,20 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin, dont c'est le second jour comme contrat de référence, a fini à 118,78 dollars, en progression de 10 cents par rapport à la clôture de lundi.
Les opérateurs américains ont disséqué les annonces faites plus tôt par la Maison Blanche pour lutter contre les prix élevés de l'or noir. Cet enjeu pèse sur la campagne présidentielle de novembre car beaucoup s'inquiètent de voir les cours dispendieux du pétrole menacer la reprise économique, encore fragile.
Ainsi, M. Obama veut notamment obtenir du Congrès, où les républicains sont en position de force, le renforcement de la Commission des opérations sur les contrats à terme et les matières premières (CFTC), l'une des autorités américaines des marchés financiers.
Ce plan vise aussi à multiplier par dix les amendes infligées à quiconque serait reconnu coupable de manipulation des cours, de un à 10 millions de dollars.
"Nous ne pouvons pas nous permettre de nous retrouver dans une situation où les spéculateurs manipulent les marchés en achetant du pétrole et en créant une perception de pénurie qui gonfle les cours, simplement pour le revendre afin d'obtenir des bénéfices rapides", a affirmé M. Obama lors d'une allocution dans la roseraie de la Maison Blanche.
"Le président Obama se trompe de cible", a réagi Rich Ilczyszyn, analyste chez iitrader.com. "Les spéculateurs sont très utiles au marché, notamment en lui fournissant des liquidités".
Si les cours n'ont pas oscillé dans le sillage des propos du président américain, le marché "surveille désormais les réserves stratégiques", a noté M. Ilczyszyn, estimant "imminent" le recours à ces stocks.
En recourant à ces réserves, le gouvernement américain augmenterait substantiellement l'offre ce qui entraînerait immédiatement un repli des cours.
Pour Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, c'est en s'attaquant à "la baisse continue des stocks d'essence (observée) aux Etats-Unis depuis quelques semaines et (aux) tensions persistantes sur le front de l'approvisionnement au Moyen-Orient" qu'il sera possible de soulager les cours.
"Ces éléments continuent d'entraîner à la hausse les cours du pétrole", a souligné M. Lipow.
Dans ce contexte, les prix du baril ont progressé en raison de la hausse des ventes de détail en mars aux Etats-Unis, de la vente obligataire réussie en Espagne et à l'amélioration du moral des investisseurs allemands en avril, en hausse pour le cinquième mois de suite, ont noté les analystes.
Dernier développement particulièrement suivi par les investisseurs: la décision d'inverser à la mi-mai le sens de l'oléoduc Seaway aux Etats-Unis, qui relie le golfe du Mexique au plus gros terminal pétrolier du pays, à Cushing (Oklahoma, sud). Cette opération va être réalisée deux semaines plus tôt qu'initialement prévu.
Elle vise à désengorger Cushing, pour transporter une partie des réserves surabondantes de brut texan qui y sont entreposés vers les raffineries de la côte du golfe du Mexique. Les stocks surabondants de Cushing pèsent depuis plus de deux ans sur le cours du WTI, celui-ci prenant le brut texan comme référence.
"Cette décision contribuera à réduire le surplus des réserves (de Cushing) et à diminuer l'écart entre le WTI et le Brent londonien", ont observé les experts de Commerzbank.
Toutefois, les volumes libérés ne profiteront pas au marché américain et prendront plutôt le chemin de l'exportation, a expliqué M. Ilczyszyn, indiquant que cela entraînera en conséquence une détente des cours du Brent et donc un resserrement du "spread", l'écart entre le pétrole coté à New York et celui à Londres.
rp
(AWP / 18.04.2012 06h21)