Le repli s'accentue, recours aux stocks stratégiques envisagé
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai s'échangeait à 122,88 dollars, en baisse de 1,28 dollar par rapport à la clôture de mercredi et retrouvant des niveaux plus vus depuis une semaine.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 2,08 dollars, à 103,33 dollars, tombant à des niveaux plus vus depuis six semaines.
"Les vents contraires auxquels font face les cours du pétrole prennent de plus en plus de force", commentaient les analystes de Commerzbank.
En effet, la France affiche depuis quelques jours son accord à un recours aux réserves stratégiques de pétrole afin d'endiguer le renchérissement des cours du brut.
Jeudi, le ministre français de l'Economie François Baroin a déclaré que la France table "raisonnablement" sur un feu vert de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) à qui les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont fait une proposition sur un recours aux stocks stratégiques.
De son côté, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a prévenu jeudi que la récente flambée des cours du pétrole "menace" la reprise économique des pays riches et pourrait doper l'inflation.
"L'an dernier, la décision de l'AIE d'un recours aux stocks stratégiques en Europe et aux Etats-Unis pendant l'interruption de la production libyenne (...) avait entraîné la sortie de 30 millions de barils de ses caves entre juillet et septembre", rappelaient les analystes du cabinet viennois JBC Energy.
Cependant, ce recours aux réserves n'avaient eu qu'un effet temporaire sur les cours, qui étaient rapidement repartis à la hausse à l'automne.
"Le recours aux réserves stratégiques est censé être la dernière cartouche, et si les pays occidentaux sont en train d'envisager sérieusement cette solution, cela prouve le manque d'engagement reçu de la part de l'Arabie saoudite pour palier à l'absence du pétrole iranien", alors qu'un embargo décrété en janvier par l'Union européenne (EU) sur l'or noir d'Iran doit prendre totalement effet en juillet, estimait Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix.
Cet embargo fait parti des sanctions affligées à l'Iran, que les pays occidentaux soupçonnent de développer illicitement un programme nucléaire à portée militaire.
Dans un entretien accordé au journal économique Financial Time, le ministre saoudien du pétrole, Ali al-Naimi, a assuré une nouvelle fois que son pays, premier exportateur mondial, "agira pour baisser les prix du pétrole élevés", tout en estimant que "le marché reste équilibré", et qu'il n'y a pas de risque de pénurie.
Pour M. Jakob, ces commentaires n'avaient que peu d'impacte sur le marché, car "le monde a besoin de preuves concrètes, sous la forme de barils, et pas de paroles".
En outre, les inquiétudes sur la demande énergétique des Etats-Unis, premier consommateur mondial d'or noir, plombaient aussi les cours, au lendemain de l'annonce d'une hausse trois fois plus forte que prévu des stocks de brut américains lors de la semaine achevée le 23 mars.
ds
(AWP / 29.03.2012 18h20)