Le brut se replie, le marché prudent face aux incertitudes économiques
Vers 11H15 GMT (12H15 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, dont c'est le second jour comme contrat de référence, s'échangeait à 124,98 dollars, en repli de 83 cents par rapport à la clôture de vendredi.
Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril baissait de 43 cents à 106,63 dollars, cédant un peu de terrain après avoir bondi de 3,20 dollars vendredi.
"A l'orée d'une semaine sans indicateur majeur, les opérateurs reconsidèrent les perspectives de l'économie mondiale, et la hausse enregistrée sur tous les marchés depuis début 2012 pourrait bien être arrivée à bout de souffle", observait Filip Petersson, analyste de la banque suédoise SEB.
Après le déblocage du second plan de sauvetage international de la Grèce, "d'autres pays de la zone euro suscitent l'inquiétude, l'économie chinoise (deuxième pays consommateur de brut, ndlr) montre des signes de ralentissement, et les opérateurs s'interrogent sur la solidité de la croissance économique aux Etats-Unis", expliquait-il.
A contre-courant d'une récente salve de statistiques encourageantes sur l'économie du principal consommateur mondial de brut, des indicateurs publiés vendredi ont montré une baisse en mars du moral des ménages américains et une stagnation de la production industrielle du pays en février.
Cependant, les prix du baril ne devraient connaître qu'un repli modéré, dans un marché toujours soutenu par les inquiétudes d'une escalade des tensions géopolitiques au Moyen-Orient, alors que le ton monte toujours plus entre les pays occidentaux et l'Iran.
"Le marché reste très nerveux et s'inquiète d'éventuelles perturbations de la production de pétrole", même si l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial d'or noir, "est certainement prête à grossir son offre pour compenser le manque de brut iranien", observait Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital.
Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), les exportations de pétrole iranien pourraient être réduites d'au moins un tiers à partir de la mi-2012, du fait des sanctions internationales contre Téhéran, soupçonné par les Occidentaux de développer un programme nucléaire à visée militaire.
Un influent député iranien a réaffirmé dimanche que Téhéran ne cèderait pas d'un pouce sur son programme nucléaire qu'il affirme être à usage civil.
De son côté, après un embargo progressif sur le brut iranien décidé en janvier, l'Union européenne (UE) a décidé vendredi d'interdire l'accès au réseau de transferts interbancaires Swift aux institutions iraniennes.
"Ces dernières semaines, les prix du pétrole tendent à réagir très promptement à toute nouvelle sur l'offre, comme la semaine dernière suite à des informations de presse (rapidement démenties, ndlr) sur un éventuel recours des Etats-Unis et du Royaume-Uni à leurs réserves stratégiques", rappelait M. Petersson.
"Mais après chaque fort mouvement du marché, le prix du Brent tend à revenir vers 125 dollars le baril", et devrait rester autour de ce niveau, "à moins que le niveau de la demande mondiale ne recule de façon très importante", estimait l'analyste.
rp
(AWP / 19.03.2012 12h48)