Le brut trébuche, pénalisé par des prises de bénéfices après ses sommets
Vers 17H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril valait 124,09 dollars, en baisse de 1,38 dollar par rapport à la clôture de vendredi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 1,38 dollar à 109,06 dollars.
Après avoir atteint vendredi 125,55 dollars à Londres et frôlé les 110 dollars à New York, leurs plus hauts niveaux depuis près de dix mois, les cours du barils reprenaient leur souffle sur un marché nerveux.
"Après une hausse presque ininterrompue depuis début février, des investisseurs ont choisi d'engranger quelques bénéfices", observait David Morrison, analyste du courtier GFT Markets.
Alors que l'euro fléchissait face au dollar après une rencontre du G20 en demi-teinte, la remontée du billet vert rendait moins attractifs les achats de brut libellés en dollars, ce qui pesait sur les prix, tout comme le regain de prudence sur l'économie mondiale, notait-il.
La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a ainsi estimé dimanche que les pays du G20 devaient "renforcer leur résistance à de nouveaux chocs qui pourraient provenir de systèmes financiers toujours fragiles, d'une dette publique et privée élevée, et d'une hausse des cours mondiaux du pétrole".
Renforçant les incertitudes au sujet de la zone euro, les ministres des Finances du G20 ont également appelé l'Europe à prendre une décision en mars sur la dimension de son bouclier contre la crise de la dette, avant que le reste du monde n'envisage de renforcer les ressources du FMI.
Par ailleurs, la suggestion du secrétaire au Trésor des Etats-Unis Timothy Geithner de débloquer une partie des réserves stratégiques de pétrole des Etats-Unis si cela s'avérait nécessaire "a également contribué à plomber les cours du baril", ajoutait David Morrison.
Cependant, "pour le moment, les prix se contentent d'abandonner leurs gains de la séance de vendredi, et la crise entre l'Iran et les pays occidentaux continue de soutenir le marché", tempérait-il.
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a reconnu vendredi des "divergences majeures" avec Téhéran, précisant que l'Iran avait triplé la production d'uranium enrichi jusqu'à 20 % depuis novembre --se rapprochant donc de la technologie nécessaire pour fabriquer une bombe.
Face au durcissement des sanctions internationales, l'Iran menace d'interrompre ses approvisionnements d'or noir à l'Europe, bien avant la mise en place en juillet de l'embargo de l'Union européenne (UE), alimentant les craintes sur l'offre mondiale de brut et l'envolée des cours du baril.
"Cette hausse s'explique par des craintes, renforcées encore par les perturbations de la production au Soudan du Sud, au Yémen et en Syrie, mais dans la réalité, le marché reste pour le moment suffisamment approvisionné", tempérait Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital.
"Si les tensions géopolitiques devaient s'apaiser quelque peu, alors les inquiétudes du marché se tourneraient vers le front de demande" et des perspectives de consommation énergétique mondiale plutôt ternes, estimait M. Kryuchenkov.
rp
(AWP / 27.02.2012 18h31)