Iran
L'AIEA a "regretté" l'absence d'un accord avec l'Iran sur la suite des discussions concernant le programme nucléaire controversé de la République islamique, à visée militaire, comme le suspectent les Occidentaux, ou strictement civil, comme l'affirme Téhéran.
Dans un communiqué diffusé dans la nuit de mardi à mercredi, l'AIEA a également relevé le refus de Téhéran d'accorder à une mission de l'AIEA l'accès au site nucléaire supposé de Parchin, situé dans une base militaire.
Dans son communiqué, l'AIEA ne donne pas d'indication sur les suites qu'elle entend donner à cet échec, dont débattra son conseil des gouverneurs, le cinq mars prochain.
DIRECTEUR DÉÇU
Ces vives critiques de l'AIEA interviennent à l'issue d'une visite de deux jours à Téhéran, les 20 et 21 février, d'une mission de haut rang de l'AIEA, la seconde après un premier séjour, du 29 au 31 janvier. Cette mission, comme la première, était dirigée par le Directeur adjoint de l'agence onusienne et chef des inspecteurs, le Belge Herman Nackaerts.
Dans le communiqué de l'AIEA, son Directeur général, le Japonais Yukiya Amano, a personnellement fait part de sa déception: "Il est décevant que l'Iran n'ait pas accepté notre demande de visiter Parchin", a-t-il déclaré. "Nous nous sommes engagés avec un esprit constructif, mais aucun accord n'a pu être trouvé", a-t-il ajouté.
Son de cloche différent du côté de Téhéran, dont l'ambassadeur à l'AIEA, Ali Asghar Soltanieh, présent aux discussions dans la capitale iranienne, a affirmé mardi que "ces négociations vont se poursuivre dans le futur". Le "second round des négociations portait sur la coopération et l'entente mutuelle entre l'Iran et l'AIEA", a-t-il encore dit, qualifiant les discussions "d'intenses", mais sans donner plus de détails sur leur contenu.
Les Occidentaux, par la voix notamment de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, et du ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, s'étaient montrés auparavant prudemment optimistes, notamment en raison de la réponse positive de l'Iran à la proposition du Groupe 5+1 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine + Allemagne) de reprendre leurs discussions, interrompues depuis janvier 2011.
Au centre de l'interminable conflit avec la République islamique se trouve une "possible dimension militaire" du programme nucléaire iranien, envisagée par l'AIEA dans son dernier rapport, en novembre 2011.
La publication de ce rapport avait entraîné des sanctions occidentales visant l'industrie pétrolière iranienne et la Banque centrale de l'Iran. Ces sanctions s'ajoutaient à la série de quatre sanctions économiques et financières décidées par l'Organisations des Nations Unies (ONU) depuis 2007.
PRODUCTION D'URANIUM ENRICHI À 20%
Le début de la production d'uranium enrichi à Fordo avait suscité aussi de "l'inquiétude" en Russie et en Chine, Moscou et Pékin pressant instamment l'Iran de "coopérer avec l'AIEA", tout en restant hostiles à des sanctions au Conseil de sécurité de l'ONU.
Nonobstant les critiques, l'Iran n'en a pas moins poursuivi son programme nucléaire: ainsi, Téhéran a lancé la production d'uranium enrichi à 20% à Fordo, dans un site enfoui sous une montagne et difficile à attaquer, se rapprochant ainsi du seuil d'uranium enrichi à 90% qui permettrait la fabrication d'une bombe atomique. Le 15 février, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, sur la même lancée, avait annoncé que l'Iran avait porté de 6000 à 9000 le nombre de ses centrifugeuses.
Et, en arrière-plan, Israël, seule puissance nucléaire -- non-déclarée -- de la région laisse planer le flou sur une éventuelle attaque aérienne contre les installations nucléaires iraniennes.
rp
(AWP / 22.02.2012 06h31)