Le brut à ses plus hauts niveaux depuis mai 2011, poussé par l'Iran
Vers 17H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril valait 120,14 dollars, progressant de 56 cents par rapport à la clôture de vendredi.
Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars prenait 1,84 dollar à 105,08 dollars, dans un volume d'échanges très limité en raison d'un jour férié aux Etats-Unis.
Le cours du Brent est monté jusqu'à 121,15 dollars en début d'échanges asiatiques, tandis que le WTI a grimpé à 105,44 dollars vers 11H50 GMT, des niveaux plus vus depuis le 5 mai 2011.
"Les investisseurs digèrent la nouvelle escalade des tensions entre l'Iran et les pays occidentaux, après la décision de Téhéran, dévoilée dimanche, d'interrompre les livraisons de brut du pays à la France et au Royaume-Uni", observaient les analystes du cabinet viennois JBC Energy.
En ciblant Paris et Londres, l'Iran s'en est pris aux deux capitales fer de lance des sanctions occidentales prises contre lui par l'Union européenne (UE), qui avait décidé en janvier la mise en place d'ici à juillet d'un embargo pétrolier contre Téhéran.
Toutefois, "le Royaume-Uni et la France ne sont pas des marchés majeurs pour le brut iranien -- l'Iran couvre seulement 3% des besoins français de pétrole et les importations britanniques sont déjà pratiquement inexistantes", soulignait Caroline Bain, analyste du cabinet de recherche londonien EIU.
"La hausse des cours du baril reflète donc surtout la crainte d'une aggravation des tensions géopolitiques, qui pourrait conduire l'Iran à arrêter également ses exportations vers l'Italie et la Grèce" avant la mise en place de l'embargo total de l'UE contre le pétrole iranien en juillet, notait Mme Bain.
Selon l'Agence internationale de l'Energie (AIE), les livraisons de brut iranien couvraient en 2011 quelque 30% de la consommation de la Grèce, et 13% de la demande de brut italienne.
Les inquiétudes du marché étaient entretenues lundi par des déclarations du président de la compagnie nationale iranienne du pétrole NIOC, Ahmad Ghalebani, qui a averti que l'Iran pourrait stopper ses ventes de pétrole à d'autres pays européens si l'Europe poursuivait ses "actions hostiles" contre Téhéran.
Cependant, "les pays européens semblent déjà prendre leurs dispositions pour trouver des approvisionnements alternatifs, en passant des accords avec l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis", ce qui devrait limiter les tensions du marché, tempérait David Hufton, analyste du courtier PVM.
De fait, "l'UE est bien approvisionnée en pétrole (...) pour faire face à une rupture potentielle des approvisionnements", a affirmé lundi à l'AFP un porte-parole de la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton.
Les prix du baril étaient par ailleurs soutenus par une nouvelle réduction par la Banque centrale chinoise du ratio de réserves obligatoires des banques du pays.
Cette décision, destinée à alléger les restrictions sur le crédit, pourrait alimenter les investissements dans l'industrie "et stimuler la demande énergétique" du second pays consommateur de brut, commentait Fawad Razaqzada, analyste du cabinet britannique GFT.
rp
(AWP / 20.02.2012 18h39)