Le brut évolue de façon contrastée, l'Iran soutient toujours le marché
Vers 17H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril valait 119,47 dollars, grimpant de 54 cents par rapport à la clôture de mercredi. Il était monté la veille à 119,99 dollars, un sommet depuis début août.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars reculait en revanche de 11 cents à 101,69 dollars.
"Les cours du pétrole ont été sous pression ce jeudi, dans un marché tiraillé entre les tensions persistantes dans le dossier iranien et les craintes d'un report du nouveau plan d'aide internationale à la Grèce", expliquait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden.
Valeur refuge, le billet vert s'est renforcé pendant la plus grande partie des échanges européens, face à un euro affaibli par les tergiversations entre la Grèce et ses bailleurs de fonds internationaux, les ministres des Finances de la zone euro ayant reporté à lundi une décision sur un nouveau prêt à Athènes.
"Dans un marché pétrolier extrêmement volatil, le rebond du dollar a pesé sur les prix du baril", en rendant moins attractifs les achats de brut -- libellés dans la monnaie américaine -- pour les investisseurs munis d'autres devises, ajoutait Mme Sokou.
"Tout nouveau retard dans le plan de sauvetage de la Grèce, toujours menacée de faillite, signifie la poursuite de l'incertitude et une nervosité accrue des investisseurs", estimait-elle.
Cependant, quelques indicateurs encourageants aux Etats-Unis, premier pays consommateur de brut, apportaient un peu de réconfort aux opérateurs, faisant notamment état d'une baisse inattendue des nouvelles inscriptions au chômage la semaine dernière, à leur plus bas niveau depuis mars 2008.
Par ailleurs, "les investisseurs restent hantés par les craintes de perturbations de l'offre mondiale de brut", estimaient les experts du cabinet viennois JBC Energy.
Le regain d'inquiétude sur les approvisionnements iraniens de pétrole contribuait ainsi à tirer le cours du Brent vers le haut, le marché européen étant plus sensible que la place new-yorkaise à des menaces de perturbation de l'offre au Moyen-Orient.
Selon une annonce sur le site de la télévision d'Etat iranienne, l'Iran a convoqué séparément les ambassadeurs de six pays européens (France, Italie, Espagne, Grèce, Portugal, Pays-Bas) pour leur signifier son intention de "revoir à la baisse (les) ventes de pétrole" qu'il leur destine.
L'Union Européenne (UE) a décidé en janvier un embargo sur le brut d'Iran, mais celui-ci ne doit être mis en place que graduellement jusqu'en juillet, pour laisser le temps aux pays européens de trouver des approvisionnements alternatifs.
"Le même jour, l'Iran a aussi annoncé des progrès considérables dans son programme nucléaire", que les pays occidentaux soupçonnent d'avoir des visées militaires, "et ce cocktail de nouvelles à entretenu la fébrilité du marché", notaient les analystes de JBC Energy.
Ces derniers citaient par ailleurs les autres sources d'inquiétudes sur le front de l'offre, telles que l'explosion d'un oléoduc en Syrie, une grève sur le plus grand champ pétrolier du Yemen et l'aggravation du bras de fer entre le Soudan et le Soudan du sud.
rp
(AWP / 16.02.2012 18h31)