Le brut se stabilise à Londres, tiraillé entre l'Iran et la Grèce
Vers 11H00 GMT (12H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril valait 118,94 dollars, grignotant 1 cent par rapport à la clôture de mercredi. Il était monté la veille à 119,99 dollars, un sommet depuis début août.
Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars reculait pour sa part de 68 cents à 101,12 dollars.
"Le marché pétrolier a beaucoup de choses à digérer, tant sur le plan des développements de mercredi dans le dossier iranien que sur la situation de la zone euro", soulignait Philip Wiper, analyste du courtier PVM.
Les cours du baril pâtissaient jeudi de quelques prises de bénéfices, après la nette hausse enregistrée mercredi sur les marchés pétroliers, à la suite d'un vif regain d'inquiétudes sur les approvisionnements iraniens à l'Europe.
Selon une annonce sur le site de la télévision d'Etat iranienne, l'Iran a convoqué séparément les ambassadeurs de six pays européens (France, Italie, Espagne, Grèce, Portugal, Pays-Bas) pour leur signifier son intention de "revoir à la baisse (les) ventes de pétrole" qu'il leur destine.
L'Union Européenne (UE) a décidé en janvier un embargo sur le brut d'Iran, mais celui-ci ne doit être mis en place que graduellement jusqu'en juillet, pour laisser le temps aux pays européens les plus dépendants du pétrole iranien (Grèce, Italie, Espagne) de trouver des approvisionnements alternatifs.
"Le même jour, l'Iran a aussi annoncé des progrès considérables dans son programme nucléaire", que les pays occidentaux soupçonnent d'avoir des visées militaires, "et ce cocktail de nouvelles à entretenu la fébrilité du marché", notaient les analystes du cabinet viennois JBC Energy.
Ces derniers citaient par ailleurs les autres sources d'inquiétudes sur le front de l'offre, telles que l'explosion d'un oléoduc en Syrie, une grève sur le plus grand champ pétrolier du Yemen et l'aggravation du bras de fer entre le Soudan et le Soudan du sud.
"Les investisseurs restent hantés par les craintes de perturbations de l'offre mondiale de brut", estimaient les experts de JBC Energy.
En revanche, sur le front de la demande, le tableau restait morose. Les incertitudes pesant sur la Grèce, toujours menacée de défaut de paiement, contribuaient notamment à refroidir l'enthousiasme des opérateurs.
"L'euro a été affaibli par le report à la semaine prochaine d'une réunion des ministres des Finances européens, initialement prévue mercredi", qui devait décider d'un second plan d'aide international à Athènes, "et les investisseurs restent très sceptiques sur le sauvetage du pays", soulignait M. Wiper.
Le renforcement du dollar face à un euro sous pression rendait moins attractifs les achats de brut libellés dans la monnaie américaine pour les investisseurs munis d'autres devises. Les déboires de la Grèce font par ailleurs peser une menace sur la solidité de la demande énergétique européenne.
sm
(AWP / 16.02.2012 12h37)