Les prix montent après menace de l'Iran de restreindre son brut à l'UE
Vers 17H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril, dont c'est le premier jour comme contrat de référence, cotait 118,91 dollars, en hausse de 1,56 dollar par rapport à la clôture de mardi.
Il est monté jusqu'à 119,99 dollars vers 12H35 GMT, son plus haut niveau depuis début août.
Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars gagnait 98 cents à 101,72 dollars, après s'être hissé jusqu'à 102,54 dollars, un pic depuis la mi-janvier.
Selon une annonce sur le site de la télévision d'Etat iranienne, l'Iran a convoqué séparément les ambassadeurs de six pays européens (France, Italie, Espagne, Grèce, Portugal, Pays-Bas) pour leur signifier son intention de "revoir à la baisse (les) ventes de pétrole" qu'il leur destine.
"Cela a fait l'effet d'un électrochoc pour les prix du baril", commentait David Morrison, analyste du cabinet britannique GFT. Les cours ont en effet aussitôt accéléré leur hausse, bondissant de près de 2 dollars supplémentaires à Londres, avant de limiter quelque peu leurs gains.
Téhéran avait déjà menacé ces dernières semaines de mettre en place une interruption immédiate de ses ventes de pétrole à l'Europe (20% du total de ses exportations), après l'embargo décidé en janvier par l'Union Européenne (UE) sur le brut iranien.
Or, cet embargo européen, graduel, ne doit être mis complètement en place qu'en juillet, pour laisser le temps aux pays européens les plus dépendants du pétrole d'Iran (Grèce, Italie, Espagne) de trouver des sources d'approvisionnement alternatives.
Malgré les précisions de Téhéran, qui a assuré qu'il ne suspendrait pas totalement ses exportations "pour l'instant, pour des raisons humanitaires et à cause du froid", et en dépit d'un regain d'inquiétude sur la situation de la Grèce, les prix du brut "ont réussi à se maintenir en nette hausse" jusqu'en fin d'échanges européens, constatait M. Morrison.
L'écart se creusait entre le WTI échangé à New York et le Brent coté à Londres, car le "marché européen est bien plus sensible aux menaces sur les approvisionnements de brut iranien", observait par ailleurs David Morrison.
Le marché était de surcroît soutenu par le rapport du Département américain de l'Energie (DoE), qui a annoncé mercredi une baisse inattendue, de 200.000 barils, des stocks de brut aux Etats-Unis sur la semaine achevée le 10 février.
Le DoE a par ailleurs fait état d'une hausse de 400.000 barils des stocks d'essence, et d'un recul de 2,9 millions de barils, très supérieur aux attentes, des réserves de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage), très surveillés en période hivernale.
Toutefois, "l'impact des décisions de Téhéran sur le marché devrait rester modéré: l'Arabie saoudite (premier exportateur de brut) est capable et désireuse d'approvisionner suffisamment le marché", estimait de son côté Julian Jessop, économiste du cabinet Capital Economics.
De plus, les pays européens concernés "consommeront probablement moins de pétrole dans les mois qui viennent en raison du ralentissement de leurs économies", rappelait-il.
fah
(AWP / 15.02.2012 18h31)