Le brut hésite, dans un marché refroidi par l'avertissement de Moody's
Vers 17H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars s'échangeait à 117,83 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 10 cents par rapport à la clôture de lundi.
En revanche, sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance progressait de 48 cents à 101,39 dollars.
"L'annonce de Moody's a pesé fortement sur le moral des investisseurs, et limité leur appétit pour les actifs plus risqués, comme le pétrole, car elle a renforcé les inquiétudes sur une économie européenne déjà morose", soulignait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden.
L'agence d'évaluation financière a indiqué lundi soir qu'elle envisageait d'abaisser à moyen terme la note de solvabilité maximale ("AAA") attribuée à la France, à la Grande-Bretagne et à l'Autriche, et qu'elle abaissait la note de six autres pays européens, dont l'Italie, le Portugal et l'Espagne.
Le repli de l'euro face au dollar après la décision de Moody's contribuait à tirer vers le bas les prix du baril, le renchérissement du billet vert rendant moins attractifs les achats de brut, libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises.
Par ailleurs, "les opérateurs s'interrogent sur la mise en place réelle des mesures d'austérités votée par le Parlement grec (dimanche), car les manifestations et les violences à Athènes suggèrent que le pays n'est pas nécessairement prêt à les accepter", notait Peter Beutel, analyste de la société énergétique Cameron Hanover.
Les marchés des matières premières avaient été revigorés lundi par le vote parlementaire d'un sévère plan d'austérité en Grèce, préalable au déblocage du deuxième plan de sauvetage international du pays, crucial pour lui éviter un défaut de paiement.
Ce plan doit être discuté mercredi lors d'une réunion des ministres de la zone euro, "et en attendant de voir ce qui en sortira, les investisseurs restent sur leurs gardes", observait Mme Sokou.
Par ailleurs, le marché était quelque peu refroidi par l'annonce d'une reprise bien moins forte qu'escompté des ventes de détails aux Etats-Unis en janvier, jetant une ombre sur la santé économique du premier pays consommateur de brut, et freiné la progression du brut new-yorkais.
Enfin, "Les prévisions moroses de demande mondiale de brut par l'Agence internationale de l'Energie (AIE), dévoilées en fin de semaine dernière, tout comme la remontée des températures en Europe, où la récente vague de froid s'atténue, entretiennent la pression sur les prix", estimait Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital.
Le marché restait cependant soutenu par les craintes sur des perturbations de l'offre mondiale d'or noir, après l'embargo graduel décidé en janvier par l'Union européenne (UE) sur le brut d'Iran, deuxième producteur au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).
"Les opérateurs sont alarmés par l'escalade des tensions entre Téhéran et Israël, après les attaques contre les ambassades (israéliennes) en Géorgie et en Inde", indiquait M. Kryuchenkov.
Deux attentats ont visé lundi le personnel des ambassades d'Israël à New Delhi et Tbilissi, et ont été attribués à l'Iran par le Premier ministre israélien, une accusation que Téhéran a démentie.
rp
(AWP / 14.02.2012 18h31)