Le brut hésite, tiraillé entre la Grèce et les inquiétudes sur l'offre
Vers 17H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars s'échangeait à 115,21 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, progressant de 63 cents par rapport à la clôture de vendredi.
En revanche, sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 94 cents à 96,90 dollars.
Les cours de l'or noir renouaient avec la nervosité après la forte hausse de vendredi, où le Brent avait grimpé de plus de 2,50 dollars dans un marché revigoré par la baisse inattendue du taux de chômage américain.
"Entre-temps, l'attention du marché est revenue sur la situation de la Grèce, où le gouvernement doit se prononcer sur les mesures supplémentaires d'austérité imposées" par les bailleurs de fonds internationaux "afin d'éviter un effondrement financier du pays", soulignait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden.
Les partis politiques de la coalition gouvernementale grecque ne sont toujours pas parvenus à surmonter leurs objections aux mesures d'austérité demandées par la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir le déblocage d'un nouveau prêt vital d'au moins 130 milliards d'euros.
Par ailleurs, les négociations entre Athènes et ses créanciers privés sur la réduction de la dette du pays n'ont toujours pas abouti, entretenant le spectre d'une cessation de paiement de la Grèce en mars.
"Les incertitudes persistantes sur un possible défaut de paiement de la Grèce pouvaient conduire les investisseurs à engranger quelques bénéfices, d'autant que les prix évoluent plutôt dans le haut de la fourchette" observée depuis début janvier, avertissaient les analystes de Commerzbank.
Signe de la défiance des opérateurs pour les actifs jugés plus risqués, "les Bourses et les marchés des matières premières ont trébuché de concert, dans des échanges extrêmement nerveux et volatils, et l'euro s'est trouvé lui aussi sous pression", a ajouté Mme Sokou.
Le renchérissement du dollar face à un euro affaibli rend moins attractifs les achats de brut, libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises.
Cependant, le Brent coté à Londres est parvenu à repasser dans le vert en fin d'échanges européens, soutenu notamment par un sursaut de l'euro face au billet vert mais aussi par les inquiétudes toujours vives sur les approvisionnements de brut en provenance d'Iran ou d'Afrique.
"Si l'embargo pétrolier (de l'Union européenne) contre l'Iran se maintient" ou si le détroit d'Ormuz, par lequel transitent 35% du trafic maritime pétrolier mondial, est fermé par Téhéran, "le baril devrait atteindre 150 ou 160 dollars", a ainsi déclaré lundi Ali al-Hajeri, un responsable de la compagnie pétrolière nationale du Koweit.
Les investisseurs surveillaient par ailleurs le Nigeria, premier producteur d'or noir d'Afrique, où le Mouvement pour l'émancipation du Delta du Niger, principal groupe armé du sud du pays, a conduit samedi une attaque contre un oléoduc, tout en menaçant de poursuivre leurs actions.
Les attaques de ce groupe avaient fait chuter de moitié la production pétrolière du pays au plus fort de ses actions entre 2007 et 2009, avant une accalmie de près de deux ans.
fah
(AWP / 06.02.2012 18h41)