Le brut perd du terrain, craintes en zone euro l'emportent sur l'Iran
Vers 17H10 GMT (18H10 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars s'échangeait à 109,94 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 64 cents par rapport à la clôture de lundi.
Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance cédait 59 cents à 98,99 dollars.
"Après la petite poussée des prix de lundi, le marché connaît un mouvement de correction. Les Bourses européennes ont fléchi et l'euro baisse face au dollar, ce qui incite les investisseurs à prendre quelques bénéfices", soulignait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden.
Surtout, les opérateurs gardent les yeux rivés sur la zone euro: "les inquiétudes persistantes sur la situation de la Grèce pèsent sur le moral des acteurs de marché et contribuent à tirer l'euro vers le bas", indiquait Mme Sokou.
Athènes poursuivait mardi les discussions avec ses créanciers privés, tâchant de négocier un effacement partiel de la dette grecque, le pays étant menacé de défaut de paiement en l'absence d'accord.
Le renforcement du dollar face à un euro sous pression rendait moins attractifs les achats de pétrole, libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises. De plus, l'aggravation de la crise de la dette en zone euro avivait les craintes sur la demande énergétique européenne.
"La consommation européenne de pétrole était en octobre en recul de plus de 500'000 barils par jour par rapport au même mois une année auparavant... La baisse de la demande est un plus gros risque pour le marché que l'interruption des importations de brut iranien", commentait Olivier Jakob, de la société suisse Petromatrix.
De fait, l'embargo sur le pétrole iranien décidé lundi par les pays de l'Union européenne (UE), soucieux d'assécher le financement du programme nucléaire de Téhéran, n'a pas eu un impact durable sur les prix du pétrole.
"Cette décision était largement attendue" et déjà intégrée par le marché depuis plusieurs semaines, et "la mise en place graduelle de l'embargo n'implique pas de changement important à court terme", expliquaient les experts de Commerzbank.
L'annulation des contrats existants entre les Européens et l'Iran interviendra au plus tard le 1er juillet, pour permettre aux pays plus dépendants de se retourner. L'Iran vend environ 600.000 barils de brut par jour à l'UE, soit 20% de ses exportations pétrolières.
De surcroît, l'Arabie saoudite, qui possède des capacités de production non utilisées de plus de 2 millions de barils par jour, "s'est engagée à compenser le manque du brut iranien", ajoutaient-ils, ce qui devrait contribuer à limiter les pressions sur le marché.
Face à une demande européenne menacée par les déboires de la zone euro, un accroissement de l'offre d'or noir en Arabie saoudite, mais aussi en Libye -- où la production, redémarrée fin septembre, pourrait doubler d'ici à la fin de l'année --, pourrait contribuer à peser sur les prix du baril, ont même estimé dans une note les experts du cabinet d'études londonien CGES.
rp
(AWP / 24.01.2012 18h41)