Le brut progresse après l'embargo européen sur le brut iranien
Vers 11H10 GMT (12H10 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars s'échangeait à 110,74 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en progression de 88 cents par rapport à la clôture de vendredi.
Dans les échanges européens sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance gagnait pour sa part 69 cents à 99,02 dollars.
Les pays de l'UE se sont mis d'accord lundi matin pour imposer un embargo pétrolier graduel contre l'Iran ainsi que pour sanctionner sa banque centrale afin d'assécher le financement de son programme nucléaire, ont indiqué à l'AFP des sources diplomatiques.
Cet accord, déjà largement anticipé par les marchés, doit être formellement entériné à l'occasion d'une réunion des ministres européens des Affaires étrangères qui a débuté dans la matinée à Bruxelles.
Les investisseurs devraient dans l'ensemble se montrer attentistes et guetter la réaction de Téhéran, estimait Peter Beutel, analyste de la société américaine Cameron Hanover.
"L'Iran pourrait prendre des mesures de rétorsion, ce qui ferait bondir les cours du baril", en particulier en cas de perturbations dans le détroit d'Ormuz, soulignait M. Beutel. Par cette voie stratégique, contrôlée par l'Iran, transitent 35% du trafic pétrolier maritime mondial.
"Mais l'Iran peut aussi décider d'ignorer cette annonce, et dire comme à son habitude qu'il est assez robuste pour résister à un tel embargo, ou bien il peut décider de revenir à la table des négociations, ce qui ferait baisser la pression sur les prix", ajoutait l'analyste.
Par ailleurs, cet embargo devrait "être mis en place de façon progressive sur une période de plusieurs mois, ce qui va limiter le possible effet haussier sur les prix du baril", en laissant le temps aux pays importateurs de s'assurer d'autres sources d'approvisionnements, estimaient les experts de Commerzbank.
Selon le compromis trouvé au sein de l'UE, l'annulation des contrats existants avec l'Iran n'interviendra que le 1er juillet.
De plus, l'Iran vend un peu moins de 20% de son pétrole (soit environ 600.000 barils par jour) aux pays de l'Union européenne, l'essentiel de ses exportations de brut étant réalisées vers Asie, à direction de la Chine (22% de ses ventes), du Japon (13%) et de l'Inde (12%), qui semblent pour l'instant peu pressés d'emboîter le pas à l'UE.
Cependant, en-dehors de l'Iran, "les inquiétudes sur les approvisionnements de brut se renforcent ailleurs dans le monde, notamment au Nigeria où des attaques meurtrières ont eu lieu ce week-end (...) et au Soudan du Sud, qui a annoncé suspendre sa production", ajoutait David Hufton, analyste du courtier PVM.
Le Soudan du Sud a ordonné vendredi l'arrêt de sa production de pétrole (environ 350.000 barils par jour selon Commerzbank) en raison du différend avec le Soudan, soupçonné de prélever une partie de ce pétrole lors du transit sur son territoire.
"Une interruption prolongée de la production sud-soudanaise, combinée avec un recul des exportations iraniennes, pourrait conduire à un rétrécissement de l'offre de brut sur le marché mondial et pousser les prix du baril vers le haut", soulignaient les analystes de Commerzbank.
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(AWP / 23.01.2012 12h46)