Le brut recule à New York, pénalisé par l'euro et les stocks américains
(reprise de la veille)
New York - Les prix du pétrole ont fini en baisse jeudi à New York, pénalisés par la faiblesse de l'euro qui a atteint un niveau plus vu depuis 16 mois, ainsi que par une hausse inattendue des stocks aux Etats-Unis.
Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en février a terminé en baisse de 1,41 dollar à 101,81 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Il était monté mercredi à son plus haut niveau depuis le 11 mai.
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février a terminé à 112,74 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 96 cents par rapport à la clôture de mercredi.
"Les inquiétudes au sujet de l'Europe sont de retour", a résumé Matt Smith de Summit Energy (groupe Schneider Electric). "On voit déjà pour cette période de l'année de fortes tensions, entre les questions géopolitiques et la crise actuelle en zone euro".
"L'euro extrêmement faible a fortement pesé sur les cours, et on a eu en plus des stocks en hausse", a-t-il remarqué.
L'euro a atteint jeudi 1,2777 dollar, son plus bas niveau depuis le 13 septembre 2010.
Un euro en baisse entraîne un renchérissement du dollar, ce qui rend plus coûteux les achats de brut, libellés en monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises.
Les analystes ont attribué le recul de la monnaie européenne à l'émission par la France de près de 8 milliards d'euros d'obligations. Si les taux d'emprunt à dix ans sont restés bas, la demande a été moins forte que lors des précédentes opérations du même type.
Aux Etats-Unis, le département américain de l'Energie a fait état d'une hausse des réserves de brut de 2,2 millions de baril lors de la semaine achevée le 30 décembre. Les analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires tablaient plutôt sur une baisse de 900'000 barils.
"On peut expliquer cette hausse par le fait que comme c'était Noël, les gens ont moins pris leur véhicule. Il n'empêche, c'est encore une illustration du manque de demande soutenue aux Etats-Unis", a jugé M. Smith.
Pour Tom Bentz, de BNP Paribas "la faiblesse de l'euro, qui s'explique par l'émission obligataire française, a été atténuée par les bonnes statistiques américaines".
A la veille du rapport mensuel sur l'état du marché du travail aux Etats-Unis, deux indicateurs ont laissé présager une baisse importante du chômage dans la première économie de la planète.
Les entreprises privées américaines ont embauché massivement en décembre, créant 325'000 emplois de plus qu'elles n'en détruisaient, selon l'enquête mensuelle du cabinet de conseil en ressources humaines ADP publiée jeudi.
Et les nouvelles inscriptions au chômage ont nettement baissé aux Etats-Unis lors de la dernière semaine de 2011, à 372'000 demandes d'allocations déposées du 25 au 31 décembre, contre 387'000 la semaine précédente.
"La demande en essence est faible" mais "l'Union européenne va aller de l'avant avec un embargo sur le pétrole (iranien) alors que les Etats-Unis ont rendu plus difficiles la vente de pétrole (de la République islamique) avec des nouvelles sanctions bancaires", a par ailleurs fait remarquer Phil Flynn de PFG Best Research.
"Cela va limiter l'offre en Europe au moment où la demande vacille", et donc entraîner une hausse des prix, a-t-il estimé.
Le chef de la diplomatie française Alain Juppé a annoncé mercredi à Lisbonne que l'UE pourrait "adopter cette mesure d'embargo sur les exportations pétrolières de l'Iran" lors d'une réunion à Bruxelles le 30 janvier.
rp
(AWP / 06.01.2012 06h21)