Le brut recule, affaibli par le dollar et les stocks américains
Vers 17H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février s'échangeait à 113,60 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 10 cents par rapport à la clôture de mercredi, se stabilisant après avoir lâché jusqu'à 1,12 dollar en cours de séance.
Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 52 cents à 102,70 dollars. Il perdait du terrain après être monté mercredi à son plus haut niveau depuis le 11 mai.
Après sa forte poussée de la veille, "le marché pétrolier évolue en baisse, à l'unisson de marchés financiers en berne, alors que les investisseurs fuient de concert tous les actifs jugés risqués", les matières premières comme l'euro, expliquait Jack Pollard, analyste du courtier Sucden.
"En l'absence de précisions concernant un futur embargo européen sur le brut iranien", les opérateurs ont tourné leur attention vers la zone euro et "la demande assez mitigée pour l'émission obligataire en France pèse sur l'humeur des opérateurs, tout comme le renforcement du dollar", ajoutait M. Pollard.
L'euro a chuté jeudi à son plus bas niveau depuis 16 mois face au dollar, sur fond de regain d'inquiétudes sur la crise de la dette européenne et la solidité du système bancaire européen.
Or, ce net renchérissement du billet vert rend moins attractifs les achats de brut, libellés dans cette monnaie, pour les investisseurs détenant d'autres devises.
"Etant donné la nette hausse des cours ces derniers jours, quelques prises de bénéfices peuvent également expliquer le repli d'aujourd'hui", ajoutait Brenda Kelly, analyste du courtier CMC Markets.
Les prix du pétrole ont par ailleurs brusquement accentué leurs pertes après la publication des chiffres hebdomadaires du Département américain de l'Energie (DoE), avant de se ressaisir quelque peu dans un marché très volatil.
Le DoE a ainsi fait état d'une augmentation inattendue de 2,2 millions de barils des réserves américaines de brut lors de la semaine achevée le 30 décembre, après un bond de 3,9 millions de barils la semaine précédente.
Les stocks d'essence ont augmenté de 2,5 millions de barils, tandis que les stocks de produits distillés ont progressé de 3,2 millions de barils, cinq fois plus que prévu par les analystes: or ces réserves, qui incluent le fioul de chauffage, sont très surveillées avec le début de l'hiver.
Cependant, "la question iranienne continue de maintenir les cours à un niveau élevé", observait Philip Wiper, analyste du courtier PVM.
Le chef de la diplomatie française Alain Juppé a annoncé mercredi que l'UE pourrait adopter un embargo sur les exportations pétrolières de l'Iran lors d'une réunion à Bruxelles le 30 janvier.
"Avec 450'000 barils par jour, l'Union européenne a été en 2011 le deuxième plus gros importateur de brut iranien. Ce volume devra être remplacé, ce qui va exacerber les tensions sur l'offre et tirer les prix vers le haut", pronostiquaient de leur côté les experts de Commerzbank.
Enfin, les opérateurs pouvaient être rassérénés par une batterie de bons indicateurs américains: ainsi, les entreprises privées du pays ont embauché massivement en décembre - selon l'enquête mensuelle du cabinet de conseil ADP.
fah
(AWP / 05.01.2012 18h31)