Le brut retombe un peu, mais le marché guette toujours l'Iran
Vers 11h30 GMT (12h30 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février s'échangeait à 113,54 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 16 cents par rapport à la clôture de mercredi.
Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 65 cents à 102,57 dollars. Il était monté mercredi à son plus haut niveau depuis le 11 mai.
Après sa forte poussée de la veille, "le marché pétrolier évolue en baisse, à l'unisson de marchés financiers en berne, alors que les investisseurs fuient de concert tous les actifs jugés risqués", les matières premières comme l'euro, expliquait Jack Pollard, analyste du courtier Sucden.
"En l'absence de précisions concernant un futur embargo européen sur le brut iranien", les opérateurs ont tourné leur attention vers la zone euro, et "la demande assez mitigée pour l'émission obligataire en France pèse sur l'humeur des opérateurs, tout comme le renforcement du dollar", ajoutait M. Pollard.
L'euro a chuté jeudi à son plus bas niveau depuis 16 mois face au dollar, sur fond de regain d'inquiétudes sur la crise de la dette européenne et la solidité du système bancaire européen.
Or, ce net renchérissement du billet vert rend moins attractifs les achats de brut, libellés dans cette monnaie, pour les investisseurs détenant d'autres devises.
Les opérateurs restaient par ailleurs prudents avant les chiffres hebdomadaires du Département américain de l'Energie (DoE), exceptionnellement décalés à jeudi en raison du 1er janvier férié.
Selon les analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires, le DoE devrait faire état d'une baisse de 900'000 barils des stocks américains de brut sur la semaine achevée le 30 décembre, d'une hausse de 1,1 million de barils des stocks d'essence, et d'une progression de 600'000 barils des réserves de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage).
Publiées mercredi soir, les estimations de la fédération professionnelle API ont échaudé le marché, en indiquant un bond de 5,2 millions de barils des stocks de distillés, la plus forte progression depuis juillet 2008.
Cependant, les tensions géopolitiques continuaient d'alimenter la nervosité des échanges sur un marché très volatil. "La question iranienne continue de maintenir les cours à un niveau élevé", observait Philip Wiper, analyste du courtier PVM.
Le chef de la diplomatie française Alain Juppé a annoncé mercredi à Lisbonne que l'UE pourrait "adopter cette mesure d'embargo sur les exportations pétrolières de l'Iran" lors d'une réunion à Bruxelles le 30 janvier.
"On voit des signaux croissants montrant que des entreprises et des pays, comme la Corée du Sud ou le Japon, se préparent ouvertement à remplacer, si cela s'avérait nécessaire, leurs importations de pétrole iranien", notait M. Wiper.
"Avec 450'000 barils par jour, l'Union européenne a été en 2011 le deuxième plus gros importateur de brut iranien, après la Chine. Ce volume de pétrole devra être remplacé, ce qui va exacerber les tensions sur l'offre et tirer les prix vers le haut", pronostiquaient de leur côté les experts de Commerzbank.
cha
(AWP / 05.01.2012 13h01)