Le brut au plus bas depuis 2 mois à New York, bien en dessous du Brent
Sur New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en mars a terminé à 85,64 dollars, en repli de 1,69 dollar par rapport à la veille. Il est descendu en séance jusqu'à 85,51 dollars, son plus bas niveau depuis le 1er décembre.
A Londres, sur l'IntercontinentalExchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique a cédé 52 cents à 97,39 dollars.
"Le marché boursier est un peu faible, l'euro se renforce (face au dollar), et on a eu quelques indicateurs très médiocres aux Etats-Unis comme les inscriptions hebdomadaires au chômage ou des commandes de biens durables décevantes", a énuméré Matt Smith, de Summit Energy, pour expliquer la faiblesse du marché pétrolier.
Les commandes de biens durables ont reculé en décembre pour le troisième mois d'affilée, et les nouvelles demandes d'allocation chômage ont bondi la semaine passée.
Ce genre de chiffres provoque des inquiétudes pour la demande, tout comme l'annonce un peu plus tôt dans la journée d'un abaissement de la note du Japon par l'agence de notation financière Standard and Poor's en raison du lourd endettement du pays.
"A chaque fois qu'il y a des craintes au sujet d'une dette publique, c'est négatif pour les prix du pétrole", a noté Phil Flynn, de PFGBest Research.
Le rebond observé la veille après six séances de repli a été rayé d'un trait, et le baril de brut texan a encore accru sa différence de prix par rapport au baril de Brent londonien, à un niveau jamais vu de près de 12 dollars.
"Il y a un manque flagrant de confiance dans le WTI", ou West Texan Intermediate, nom du baril de référence à New York, a rapporté Matt Smith.
"L'offre aux Etats-Unis est abondante", a observé de son côté Phil Flynn, tandis que la production en mer du Nord a connu des problèmes et que la demande en Europe et en Asie est soutenue.
Aux Etats-Unis, le terminal de Cushing (Oklahoma, sud), déjà proche de la saturation, a vu ses réserves encore gonfler la semaine passée, de 900'000 barils, à 37,7 millions de barils, selon les chiffres du département de l'Energie.
Il s'agit du principal centre de stockage du pays, où est conservé le brut pompé dans l'ouest du Texas qui sert de référence sur le marché new-yorkais.
Cet écart historique entre le WTI et le Brent ravivait les doutes apparus fin 2008, période où le même phénomène avait déjà été observé, sur la pertinence du WTI dans son rôle d'étalon des prix du brut.
"Il y a un sentiment tellement négatif à l'égard (du niveau des réserves de Cushing), que tous les opérateurs nettoient leurs positions et changent pour le Brent", a souligné Matt Smith.
Les prix des produits distillés et de l'essence prenaient plutôt le sillage des prix londoniens, a d'ailleurs noté l'analyste.
rp
(AWP/28 janvier 2011 06h20)