Le brut bondit de plus de 3 dollars à New York
(reprise de la veille)
New York - Les prix du pétrole ont bondi mardi à New York, dopés par des signaux économiques encourageants en Europe comme aux Etats-Unis, sur fond de malaise persistant sur le marché concernant le dossier nucléaire iranien.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en janvier, dont c'était le dernier jour de cotation, a terminé à 97,22 dollars, en hausse de 3,34 dollars par rapport à la veille.
A Londres, sur l'IntercontinentalExchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance février a gagné 3,09 dollars à 106,73 dollars.
"Les inquiétudes géopolitiques persistent mais le réel élément déclencheur de la hausse des cours aujourd'hui (mardi), ce sont les indicateurs économiques", a estimé Matt Smith, de Summit Energy (groupe Schneider Electric).
"On a vu de bonnes statistiques en Europe, une émission de dette correcte en Europe et de bons chiffres aux Etats-Unis, comparé aux attentes. Cela confirme qu'il y a des signes de reprise ici aux Etats-Unis", a-t-il expliqué.
Les chiffres de la construction de logements du premier pays consommateur d'or noir sont ressortis bien meilleurs que prévu, avec un rebond de 9,3% des mises en chantier en novembre par rapport à octobre.
En zone euro, les investisseurs ont été réconfortés par une amélioration inattendue du climat des affaires en Allemagne, mesuré par l'indice Ifo, et le succès d'une émission de dette en Espagne. Madrid est parvenu à lever plus de cinq milliards d'euros à échéance courte avec des taux bien plus faibles que lors des opérations similaires précédentes.
Cette actualité économique "contribue" à la hausse des cours, a reconnu Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.
"Mais en plus de cela, le marché s'inquiète de l'offre de pétrole brut en Iran, surtout si l'Union européenne en venait à interdire les achats de pétrole iranien", a poursuivi l'analyste.
"Cela voudrait dire que les raffineurs européens devraient trouver d'autres sources d'approvisionnement ailleurs, essentiellement en Arabie saoudite, au Koweït ou en Libye avec le retour de la production", a estimé l'analyste.
L'Union européenne avait indiqué début décembre réfléchir à un embargo sur le pétrole de Téhéran, soupçonné de développer un programme nucléaire à visée militaire.
La République islamique, le deuxième producteur au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), contrôle en outre le stratégique détroit d'Ormuz, par lequel transitent 40% du trafic maritime pétrolier mondial.
Au terme de leur sommet annuel, les dirigeants des monarchies du Golfe ont appelé mardi l'Iran à cesser ses "ingérences" dans les affaires internes de leurs pays et se sont dits "profondément préoccupés" par le programme nucléaire du pays.
"Dans un environnement macroéconomique qui reste très incertain, ce sont surtout les risques géopolitiques qui peuvent faire monter les prix", ont commenté les analystes de la Commerzbank.
Les opérateurs surveillent avec une nervosité accrue la situation au Kazakhstan. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté lundi dans l'Ouest du pays, après la répression d'émeutes ayant fait au moins 15 morts dans cette région pétrolifère.
Selon des estimations de l'Opep, le Kazakhstan pompe plus de 1,6 million de barils de brut par jour, ce qui correspond à ce que produisait la Libye avant l'éclatement de la guerre civile dans le pays au printemps.
rp
(AWP / 21.12.2011 06h21)