Le brut hésite, tiraillé entre zone euro et craintes géopolitiques
Vers 17H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février s'échangeait à 103,57 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 22 cents par rapport à la clôture de vendredi.
Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en janvier reculait en revanche de 11 cents, à 93,42 dollars.
"Les volumes d'échanges restent extrêmement modérés, inférieurs d'environ un tiers à leur volume normal et au plus bas depuis juillet, alors que l'approche des congés de fin d'année continue d'affecter l'activité de marché et entretient la volatilité des prix", observait Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital.
Selon lui, "l'attention des opérateurs continue de se tourner vers les taux des obligations d'Etat au sein de la zone euro et vers le marché des changes, alors que s'avivent les craintes sur l'Union monétaire".
Les menaces d'une dégradation des notes souveraines de pays de la zone euro ont été renforcées par la décision, vendredi, de l'agence d'évaluation financière Fitch d'abaisser la perspective de la France à "négative".
Néanmoins, un regain de crainte sur le plan géopolitique apportait un certain soutien lundi aux cours du baril, après l'annonce de la mort du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Il, auquel va succéder son plus jeune fils, Kim Jong-Un, âgé de moins de 30 ans.
Le marché observait avec une certaine inquiétude les changements à la tête de ce pays doté de l'arme nucléaire.
Les tensions géopolitiques sont en général susceptibles de favoriser une prime de risque sur les prix du baril, les opérateurs redoutant une perturbation des approvisionnements d'or noir.
Par ailleurs, "le marché n'a pas encore réagi aux manifestations au Kazakhstan, qui pourraient cependant affecter la production pétrolière du pays", avertissaient de leur côté les analystes de Commerzbank.
Plusieurs milliers de personnes protestaient lundi dans l'Ouest du Kazakhstan contre les violences des trois derniers jours dans cette région pétrolifère, survenues après la répression vendredi d'une émeute à Janaozen, et qui ont fait au moins 15 morts.
Le Kazakhstan pompe plus de 1,6 million de barils de brut par jour, ce qui correspond à ce que produisait la Libye avant l'éclatement de la guerre civile dans le pays au printemps dernier, rappelait Commerzbank, notant que les régions kazakhes marquées par les révoltes représentent un quart de l'offre du pays.
De plus, "les protestations croissantes en Russie contre les résultats des élections législatives (la semaine dernière) pourraient également apporter un soutien aux prix", ajoutaient les experts de Commerzbank. La Russie est le premier producteur pétrolier du monde, devant l'Arabie saoudite.
Enfin, les investisseurs continuaient de scruter le Moyen-Orient, sur fond de violences persistantes en Syrie, et de vives tensions entre les pays occidentaux et Téhéran -- qui pourrait amener l'Union européenne à instaurer un embargo sur le brut iranien.
fah
(AWP / 19.12.2011 18h31)