Le brut hésite, le marché digère les résultats du sommet européen
Vers 17H15 GMT (18H15 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier s'échangeait à 107,85 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 26 cents par rapport à la clôture de jeudi.
Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance cédait 1 cent, à 98,33 dollars, se stabilisant sous le seuil des 100 dollars.
"Le marché pétrolier est resté fortement volatil, avec des échanges très nerveux, les résultats du sommet européen n'ont absolument pas dissipé la prudence des investisseurs", commentait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden.
Après plus de neuf heures d'intenses négociations, les Européens se sont mis d'accord vendredi pour renforcer la discipline budgétaire de la zone euro, mais ont échoué à le faire à 27, en raison d'un différent avec le Royaume-Uni, qui se retrouve isolé.
Le sommet a par ailleurs laissé apparaître des différends toujours vis sur le renforcement des pare-feux financiers de la zone euro contre la crise de la dette, notamment les moyens du Mécanisme européen de stabilité (MES), futur fonds de sauvetage permanent de l'Union monétaire.
"Au final, l'accord présenté ne concerne donc pas l'ensemble des 27 Etats de l'UE et ressort de l'intergouvernemental, avec un texte qui sera finalisé en mars après avoir été ratifié dans chaque pays... on est loin d'une solution bazooka" à la crise des dettes, commentait Olivier Jakob, analyste de cabinet suisse Petromatrix.
"Etant donné le manque d'unité au sein de l'UE, le risque de dégradations (de la note d'endettement de pays de la zone euro) pourrait rapidement se concrétiser, peut-être même d'ici la fin de l'année", ce qui devrait alimenter la fébrilité des marchés pétroliers, ajoutait-il.
Les cours du baril ont été par ailleurs ballottés au gré des fortes fluctuations du dollar face à l'euro, estimait Mme Sokou, le renforcement momentané du billet vert en fin d'échanges européens rendant notamment plus attractifs les achats de brut libellés dans la monnaie américaine, et permettant au marché pétrolier de limiter ses pertes.
"Les investisseurs garderont leurs yeux tournés sur la situation de la zone euro", dont les perspectives restent marquées par l'incertitude, "même si la réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep)" la semaine prochaine à Vienne "retiendra aussi l'attention du marché", notait de son côté Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital.
Les cours du pétrole avaient déjà perdu du terrain jeudi, dans un marché déçu par des déclarations du président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi, qui a exclu toute intervention accrue de l'institution sur le marché obligataire pour racheter de la dette des Etats en difficulté.
"Le marché avait été porté ces dernières semaines par l'espoir de voir la BCE jouer un rôle de prêteur de dernier ressort, mais le président de la BCE a douché l'optimisme des opérateurs", soulignait M. Jakob.
rp
(AWP / 09.12.2011 18h45)