Le brut finit en hausse à New York, la crise iranienne tire les prix
(reprise de la veille)
New York - Les prix du pétrole ont terminé en hausse mardi à New York, l'incertitude géopolitique engendrée par l'escalade diplomatique autour du programme nucléaire iranien contre-balançant les craintes pour la zone euro.
Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en janvier a pris 29 cents par rapport à lundi, terminant à 100,28 dollars sur le New York Mercantile Exchange.
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance a fini à 110,81 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 1,02 dollar par rapport à la clôture de lundi.
"Même si les fondamentaux ne vont pas s'améliorer, il y a plus de risques sur la table", a observé Bart Melek, stratège chez TD Securities. "Les tensions entre l'Iran et les Occidentaux sont croissantes et le pétrole pourrait devenir un réel enjeu".
Le ton est encore monté d'un cran mardi, l'état-major des forces armées iraniennes menaçant de mener des opérations contre tout "appareil agresseur" au-delà même de l'espace aérien iranien. L'Iran avait annoncé dimanche avoir abattu un drone américain.
En parallèle, Bruxelles "pense qu'il y a un consensus au sein de l'UE pour interdire les importations iraniennes de pétrole, sans qu'il soit précisé quand" une telle mesure sera prise, a expliqué JPMorgan, citant la Commission européenne.
L'UE a durci la semaine dernière ses sanctions financières contre Téhéran, soupçonné de développer un programme nucléaire à visée militaire, et envisage un embargo sur les exportations iraniennes de brut. Le Sénat américain a de son côté adopté des mesures visant à geler les avoirs de toute institution qui commercerait avec la banque centrale iranienne dans le secteur du pétrole.
"Un embargo sur le pétrole iranien par les Etats-Unis n'a pas d'impact majeur sur les cours, car ils n'importent quasiment pas de brut d'Iran, mais si les Européens stoppent leurs importations, ils devront trouver ailleurs l'équivalent de 450'000 barils de pétrole par jour", ont remarqué les experts de Commerzbank.
En outre, le marché est "un peu moins inquiet pour les prévisions économiques globales", a dit M. Melek.
Selon lui, les investisseurs s'attendent "à ce que ça s'améliore en Europe et qu'une solution soit trouvée" pour régler la crise de la dette, sous la pression de l'avertissement lancé par l'agence de notation Standard & Poor's qui a placé lundi "sous surveillance négative" les notes d'endettement à long terme de quinze pays de la zone euro, notamment les "AAA" de l'Allemagne et de la France.
Lorsqu'une agence place une note sous surveillance négative, cela signifie qu'elle juge supérieure à 50% la probabilité que celle-ci soit abaissée sous trois mois.
"Si ce n'est pas une surprise de voir la France mise sous surveillance, il était plus inattendu de voir l'Allemagne dans la même situation", a souligné Olivier Jakob, analyste du cabinet suisse Petromatrix, estimant qu'une dégradation de ces deux pays remettrait en cause la capacité d'action du Fonds de secours européen (FESF).
S&P a d'ailleurs annoncé mardi avoir placé sous surveillance négative la note du FESF, l'instrument censé venir en aide aux pays de la zone euro en difficulté.
rp
(AWP / 07.12.2011 06h21)