Le brut hésite, tiraillé entre l'Iran et l'avertissement de S&P
Vers 17H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier s'échangeait à 110,01 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 20 cents par rapport à la clôture de lundi.
Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait en revanche 30 cents, à 100,69 dollars.
"Les cours du pétrole peinent à trouver une direction: le marché attend le sommet européen de jeudi et vendredi, et guette les nouveaux développements sur l'Iran", observait Jack Pollard, analyste du courtier Sucden.
La zone euro comme la question iranienne "peuvent fournir des facteurs tirant vers le haut ou vers le bas les prix du baril, et pour le moment, ils s'annulent quasiment l'un l'autre", commentait-il.
Sur le front européen, les inquiétudes des opérateurs ont été nettement ravivées par l'avertissement de l'agence de notation financière Standard and Poor's, qui a placé lundi sous surveillance négative les notes d'endettement de quinze pays de la zone euro.
Ce coup de semonce a pesé sur le marché, car "si ce n'est pas une surprise de voir la France mise sous surveillance, il était plus inattendu de voir l'Allemagne dans la même situation", confirmait Olivier Jakob, analyste du cabinet suisse Petromatrix, estimant qu'une dégradation de ces deux pays remettrait en cause la capacité d'action du Fonds de secours européen (FESF).
De fait, S&P a annoncé mardi avoir également placé sous surveillance négative la note du FESF.
Cependant, "les tensions géopolitiques croissantes entre les Occidentaux et l'Iran empêchent les prix de reculer trop fortement", et permettent aux cours du baril de rester au-delà de 100 dollars sur la place new-yorkaise, ont souligné les analystes de Commerzbank.
L'Union européenne (UE) a durci la semaine dernière ses sanctions financières contre Téhéran, soupçonné de développer un programme nucléaire à visée militaire, et envisage un embargo sur les exportations iraniennes de brut. Le Sénat américain a de son côté adopté des mesures visant à geler les avoirs de toute institution qui commercerait avec la banque centrale iranienne dans le secteur du pétrole.
"Un embargo sur le pétrole iranien par les Etats-Unis n'a pas d'impact majeur sur les cours, car ils n'importent quasiment pas de brut d'Iran, mais si les Européens stoppent leurs importations, ils devront trouver ailleurs l'équivalent de 450'000 barils de pétrole par jour", indiquaient les experts de Commerzbank.
Et "même si la production libyenne fait progressivement son retour sur le marché, cela sera pratiquement impossible sans faire grimper les prix du pétrole" sur le marché mondial, ajoutaient-ils.
L'Iran est le deuxième producteur au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), et contrôle le détroit stratégique d'Ormuz, par lequel transite près de 40% du trafic maritime pétrolier mondial.
Les tensions sont encore montées mardi, l'état-major des forces armées iraniennes menaçant de mener des opérations contre tout "appareil agresseur" au-delà même de l'espace aérien iranien. L'Iran avait annoncé dimanche avoir annoncé avoir abattu un drone américain RQ-170 "dans l'est du pays".
rp
(AWP / 06.12.2011 18h31)