Le brut creuse ses pertes, craintes en zone euro reprennent le dessus
Vers 17H15 GMT (18H15 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier, dont c'est le deuxième jour comme contrat de référence, s'échangeait à 109,75 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 2,64 dollars par rapport à la clôture de mercredi.
Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en décembre cédait 2,25 dollars à 100,34 dollars.
Le baril de brut avait bondi de 3,22 dollars mercredi, franchissant le seuil des 100 dollars pour la première fois depuis 5 mois. Il a grimpé jeudi vers 08H00 GMT jusqu'à 103,37 dollars, son plus haut niveau depuis le 1er juin, avant de battre en retraite.
Le marché new-yorkais avait bondi mercredi après que l'annonce par la société canadienne Enbridge qu'elle inverserait en 2012 le sens de circulation de son oléoduc Seaway, pour acheminer l'or noir depuis Cushing (Oklahoma, sud), principal terminal pétrolier du pays, vers les raffineries du golfe du Mexique.
L'engorgement de Cushing, dont les stocks ont atteint un niveau historique proche de la saturation, pèse depuis deux ans sur le cours du WTI new-yorkais, qui prend le brut texan, et notamment ces stocks, comme référence.
"Mais derrière l'euphorie (de mercredi), il faut rappeler que la construction d'autres oléoducs clefs est menacée", comme en témoigne le report du projet d'oléoduc Keystone qui devait permettre d'acheminer le brut canadien au sud des Etats-Unis sans passer par Cushing, tempérait Amrita Sen, analyste de Barclays Capital.
Selon elle, désengorger Cushing "nécessitera beaucoup plus de capacités d'oléoducs" à terme, l'inversion de l'oléoduc Seaway n'étant quant à elle pas prévue avant mi-2012.
Alors que les investisseurs abandonnaient leur enthousiasme de la veille, les inquiétudes sur la crise des dettes souveraines dans la zone euro reprenaient le dessus.
Pour Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital, "les marchés boursiers sont en berne, et les investisseurs se montrent plutôt attentistes", se détournant des actifs jugés risqués comme les matières premières, alors que s'avive les préoccupations sur l'Italie et de l'Espagne.
Témoin de la fébrilité accrue des opérateurs, l'Espagne a réalisé jeudi une émission obligataires 3,563 milliards d'euros d'obligations à dix ans, à un taux d'intérêt moyen record, proche du seuil symbolique des 7%, dans un climat de tension extrême sur les marchés.
Le marché digérait par ailleurs des indicateurs mitigés aux Etats-Unis: si la baisse des nouvelles inscriptions au chômage se confirme, le ralentissement de l'activité manufacturière dans la région de Philadelphie en octobre n'était pas pour rasséréner les opérateurs.
En outre, l'écart entre les deux bruts de référence, qui était monté jusqu'à plus de 26 dollars en septembre, continuait de se réduire jeudi autour de 8 dollars environ.
"La conjonction de la modification de l'oléoduc Seaway et l'amélioration de la demande pétrolière américaine (attendue en raison d'indicateurs économiques encourageants, ndlr) devraient être suffisants pour maintenir cet écart sous la barre des 10 dollars, avec une réduction progressive" en 2012, estimait Helen Henton, analyste de Standard Chartered.
rp
(AWP / 17.11.2011 18h46)