Le brut recule, New York reprend son souffle au lendemain d'une envolée
Vers 11H15 GMT (12H15 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier, dont c'est le deuxième jour comme contrat de référence, s'échangeait à 110,53 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,86 dollar par rapport à la clôture de mercredi.
Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en décembre cédait 23 cents à 102,36 dollars.
Le baril de brut avait bondi de 3,22 dollars mercredi, franchissant le seuil des 100 dollars pour la première fois depuis 5 mois. Il a grimpé jeudi jusqu'à 103,37 dollars vers 08H00 GMT, son plus haut niveau depuis le 1er juin, avant d'effacer ses gains sur un marché reprenant son souffle.
Il était monté jusqu'à 115 dollars début mai, porté par les conséquences des troubles dans les pays arabes.
Il restait cependant soutenu par son élan de la veille, "qui l'a vu bondir vigoureusement après l'annonce de l'inversion de la direction de l'oléoduc de Seaway aux Etats-Unis", rappelait Helen Henton, analyste de Standard Chartered.
La société canadienne Enbridge a indiqué qu'elle inverserait le sens dans lequel circule le brut dans son oléoduc Seaway: à partir du deuxième trimestre 2012, il acheminera l'or noir depuis Cushing (Oklahoma, sud), principal terminal pétrolier du pays, vers les raffineries de la côte du golfe du Mexique.
"C'est une décision très importante", car "cela permettra de libérer le brut qui s'accumulait à Cushing" faute d'infrastructures suffisantes pour l'en sortir, "et donc de désengorger le site", soulignait Mme Henton.
Les stocks de Cushing, grimpés cette année à des niveaux historiques proches de la saturation, pèsent depuis deux ans sur le cours du WTI new-yorkais, qui prend le brut texan, et notamment ces stocks, comme référence.
Plus sensible aux convulsions de la crise de la dette européenne, "le Brent échangé à Londres subit de lourdes pertes", ayant lâché plus de 4,50 dollars depuis le début de la semaine, tandis que le WTI new-yorkais engrangeait 4 dollars, remarquait Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital.
Pour lui, "les marchés boursiers sont en berne, et les investisseurs se montrent plutôt attentistes" sur le marché du pétrole londonien, "alors que les incertitudes macroéconomiques dans la zone euro restent toujours fortes" et que s'avive la préoccupation sur l'Italie et de l'Espagne.
Témoin de la vive fébrilité des opérateurs, l'Espagne a réalisé jeudi une émission obligataires 3,563 milliards d'euros d'obligations à dix ans, à un taux d'intérêt moyen record, proche du seuil symbolique des 7%, dans un climat de tension extrême sur les marchés.
"Le Brent souffre aussi de l'arbitrage des investisseurs sur les marchés du pétrole, le passage des 100 dollars le baril à New York les poussant à se tourner vers le WTI" au détriment du Brent londonien, expliquait M. Kryuchenkov.
L'écart entre les deux bruts de référence, qui était monté jusqu'à plus de 26 dollars en septembre, s'est sensiblement réduit au cours des dernières séances et n'était plus jeudi que de 8 dollars environ.
"La conjonction de la modification de l'oléoduc Seaway et l'amélioration de la demande pétrolière américaine (attendue en raison d'indicateurs économiques encourageants, ndlr) devraient être suffisants pour maintenir cet écart sous la barre des 10 dollars, avec une réduction progressive" en 2012, estimait Helen Henton.
fah
(AWP / 17.11.2011 13h16)