Le brut finit en forte baisse à New York, prudence avant la Fed
New York - Le baril de pétrole a terminé en forte baisse lundi à New York dans le sillage des marchés boursiers, les investisseurs étant déçus de la rencontre des grands argentiers européens et prudents avant l'ouverture mardi d'une réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed).
Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" pour livraison en octobre a terminé à 85,70 dollars, en recul de 2,26 dollars par rapport à son cours de clôture vendredi.
Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre a terminé à 109,14 dollars sur l'Intercontinental Exchange, reculant de 3,08 dollars par rapport à la clôture de vendredi.
"Le pétrole est vraiment influencé par les marchés extérieurs. Il y a tellement de choses à surveiller: la crise de la dette (en Europe), la réunion avec Ben Bernanke (patron de la Fed) demain, et il y a aussi des prévisions mondiales de croissance revues à la baisse", a résumé à l'AFP Rich Ilczyszyn, analyste chez MF Global.
Face à l'incertitude persistante en Europe, où l'hypothèse d'une restructuration de la dette grecque est de plus en plus évoquée, les places boursières ont terminé en repli. Londres a perdu 2,03%, Francfort 2,83%, tandis que Wall Street réduisait ses pertes en fin de séance.
"Toutes les conditions sont réunies pour vendre", a remarqué Rich Ilczyszyn.
Les économistes de Commerzbank ont par ailleurs pointé "les inquiétudes à propos d'un ralentissement de la demande et le raffermissement du dollar" qui reprenait du terrain face à l'euro.
Après deux jours de réunion, le Comité de politique monétaire de la Fed doit par ailleurs décider mercredi s'il augmente ou non son soutien à l'économie. Ces décisions seront très scrutées, au moment où le président Barack Obama a proposé des mesures supplémentaire pour réduire le déficit du pays.
Les analystes s'attendent à ce que l'institution décide de lancer une "Opération Twist", ce qui permettrait d'abaisser les taux d'intérêts à long terme pour relancer l'activité sans toucher aux taux d'intérêts à court terme.
"La conclusion de la réunion pourrait ajouter de la volatilité" aux cours, a averti M. Ilczyszyn.
Le pétrole avait ouvert en baisse lundi à New York, les marchés réagissant au résultat mitigé de la réunion en Pologne des responsables européens, à propos de la crise grecque.
Les ministres européens des Finances réunis ce week-end à Wroclaw, en Pologne, ont décidé de reporter à octobre leur décision sur l'octroi un prêt de 8 milliards d'euros à Athènes en attendant les conclusions d'une "troïka" sur l'état d'avancement des réformes promises.
"Le marché du pétrole est inquiet car si la Grèce fait défaut, une période d'austérité va s'ouvrir non seulement en Grèce, mais dans toute la zone euro, ce qui va entraîner un recul de la demande", a souligné Andy Lipow, de Lipow Oil Associates à Houston (Texas, sud des Etats-Unis).
Les économistes d'UniCredit ont toutefois tempéré ces prévisions maussades: "Malgré tous les éléments défavorables, 2012 va connaître un nouveau record de demande de pétrole", ont-ils souligné dans une note.
Ceci "en majeure partie en raison de la forte demande des marchés émergents", écrivent-ils, prévoyant toutefois "des prix relativement stables dans les prochains mois" grâce à la reprise de la production libyenne.
"Il semblerait que la Libye soit prête à redémarrer sa production bien plus rapidement qu'attendu", un scénario défendu par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), ont confirmé les experts de Commerzbank.
La production libyenne, de 1,6 million de barils par jour avant le soulèvement armé contre le régime du colonel Kadhafi, est tombée à quelques dizaines de milliers de barils seulement ces dernières semaines.
rp
(AWP / 20.09.2011 06h21)