Le brut franchit 123 dollars à Londres, la Libye soutient le marché
Vers 16H15 GMT (18H15 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai ressortait à 122,56 dollars, en hausse de 33 cents par rapport à la clôture de mardi.
Il a atteint 123,37 dollars vers 14H00 GMT, un niveau sans précédent depuis le 4 août 2008.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) gagnait quant à lui 41 cents à 108,81 dollars, après s'être élevé à 109,15 dollars, son plus haut niveau depuis septembre 2008.
"Le marché scrute les soulèvements du Moyen-Orient. La poursuite des troubles en Libye, au Yémen et à Bahreïn accroissent les inquiétudes sur les approvisionnements du pétrole produit dans ces régions", expliquait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden Financial.
"On a affaire à des conditions de marché relativement nerveuses, avec des volumes d'échanges peu importants", mais "les prix du pétrole continuent d'être dominés par une dynamique positive qui les poussent vers le haut", notait-elle.
En Libye, des bombardements avaient de nouveau lieu mercredi près du port pétrolier de Brega (800 km à l'est de Tripoli), tandis que les insurgés appelaient à de nouvelles frappes de l'Otan pour tenter de briser le siège de Misrata par les troupes loyalistes fidèles au dirigeant Mouammar Kadhafi.
Le chargement d'un tanker au port de Tobrouk (Est), première livraison de pétrole assurée par les rebelles depuis mi-mars, n'a pas rassuré le marché, alors que les combats rendaient incertaine une normalisation des exportations de brut libyen (moins de 2% de la consommation mondiale).
"Ce chargement d'un tanker (d'une capacité d'un million de barils, ndlr) à Tobrouk aurait pu avoir un effet apaisant sur le marché, s'il n'y avait la situation générale dans le pays", observaient les analystes de JBC Energy.
"Il y a peu de raisons d'être optimiste, alors que les rebelles n'assurent qu'une production d'environ 110'000 barils par jour, et que les troupes insurgées continuent de céder du terrain face aux troupes pro-Kadhafi", notaient-ils.
Les cours du baril ont cependant nettement réduit leurs gains après la publication des chiffres hebdomadaires du Département américain de l'Energie (DoE), qui ont fait état d'une hausse plus forte qu'attendu, de 2 millions de barils, des stocks de brut aux Etats-Unis la semaine dernière.
Le DoE a par ailleurs enregistré un recul moins marqué qu'attendu des stocks d'essence, de 400'000 barils, tandis que les réserves de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) ont augmenté de 200'000 barils, alors que les analystes tablaient sur une baisse.
L'abondance des stocks américains pèse sur le prix du WTI échangé à New-York, qui évoluait quelque 14 dollars sous le Brent londonien.
"C'est parce que l'augmentation des prix (à Londres) s'explique en grande partie par les tensions en Afrique du Nord, tandis qu'aux Etats-Unis, la situation de l'offre reste confortable", soulignaient les experts de Commerzbank.
La Libye, qui produisait avant le conflit 1,6 million de barils par jour de pétrole, exportait ses hydrocarbures en grande partie vers l'Europe.
rp
(AWP/06 avril 2011 18h45)