Normalisation
Les marchés reflètent la réalité des choses - ou du moins l’interprétation des informations par les participants. Avec un effondrement de l’activité, le pétrole peut manquer d’acheteurs, et le prix peut retourner sous les 80 $ comme la semaine dernière.
Les producteurs de pétrole retiennent les investissements. Ils retiennent la production, ce qui permet de rallonger la durée de vie des actifs.
Vous constaterez ci-dessous que le nombre de puits de pétrole et de gaz aux États-Unis retrouve tout juste les niveaux de janvier 2020, avant la mise à l’arrêt du trois-quart plus tard dans l’année.
🇪🇺 Les taxes guettent aussi le secteur. L’UE vient d’annoncer son intention de lever 20 milliards d’euros pour des objectifs autour des renouvelables, dont 8 milliards viendront de la vente de crédits-carbone.
Si les autorités vendent des crédits-carbone pour lever de l’argent, elles vont sans doute en accroître la nécessité en imposant de nouvelles normes.
Contrôles de prix en lice
Les prix du marché, en particulier pour le gaz, ont causé de la friction au cours de l’année.
🇫🇷 Le président français reproche ainsi aux Américains de vendre le gaz plus cher qu’il ne coûte en outre-Atlantique. Dit-il en octobre :
Quand vous avez des prix américains de l’énergie bien inférieurs aux nôtres et que leur producteur d’hydrocarbures les vend 3 ou 4 fois plus cher que ce qu’il vend à ses industriels, [il y a] un double standard implicite, qui est un vrai problème de rapprochement et de sincérité dans le commerce transatlantique…
🇫🇷 Le ministre d’Économie d’ajouter :
Nous ne pouvons pas accepter que notre partenaire américain nous vende son gaz naturel liquéfié à quatre fois le prix qu’il vend à ses propres industriels.
Le gaz arrive aux acheteurs américains via des gazoducs. Au contraire, il vient sur ce continent par bateau, puis attend au large le temps d’avoir un créneau chez un terminal, ce qui crée plus de rareté.
Des mesures comme la fermeture du seul champ gazier majeur du continent, le gisement de Groningue aux Pays-Bas, réduisent encore plus l’offre sur le marché.
Ainsi, pour le gaz, les acheteurs américains ont simplement plus d'offre à proximité. Ils paient moins cher en conséquence.
Une baisse des prix depuis lors a réduit la tension entre les pays. Cependant, une rehausse du coût de l’énergie va faire resurgir les revendications. Les dirigeants ramèneront l’idée d’un contrôle des prix du gaz, pas seulement de la Russie, mais de toute origine.
De plus, les dirigeants risquent toujours de perdre la manne du gaz russe.
▶️ La Tribune :
Si les Etats-Unis sont devenus les premiers fournisseurs du continent, la Russie en est le deuxième.
Sur les 9 premiers mois de 2022, les importations européennes de GNL russe ont ainsi augmenté de 21%, à 15,5 milliards de m3, par rapport à la même période de 2021, selon les estimations de Montel, un cabinet norvégien spécialisé dans les marchés de l'énergie…
En somme, la détente de la situation dans l’énergie provient à la fois du risque de récession dans le monde, et d’autre part du secours des pays exportateurs, dont les États-Unis et la Russie.
Avec la menace de taxes et de plafonnement, les dirigeants risquent de couper les deux principales sources de gaz.
La situation peut donc virer de nouveau à la pénurie d’un jour ou l’autre.
La demande chinoise, en particulier, va revenir à l’avenir. À supposer qu’ils paient le prix du marché, les contrôles de prix sur les importations en Europe risquent de faire des dégâts.