Le Petro, nouvelle crypto-monnaie du Venezuela indexée sur le pétrole, a-t-il un futur ?
Depuis presqu'un an, le Venezuela a lancé sa propre cryptomonnaie indexée sur le cours du pétrole : le Petro. Quel avenir pour cette cryptomonnaie basée sur l'or noir ?
Retour sur les cryptomonnaies
Un jour il y a eu le dollar, la livre sterling puis l'euro : des monnaies historiques, adossées à des banques centrales. Puis arriva l'ère des nouvelles technologies. Et puisque tout passe désormais par internet et son monde affranchi de certaines règles, pourquoi ne pas lancer des monnaies électroniques ?
C'est ce qu'il s'est passé avec l'arrivée des cryptomonnaies. Cette année, en 2018, le Bitcoin, la star des cryptomonnaies comme parfois décrite dans la presse, fête ses 10 ans. Ethereum, Ripple, Dash... sont également peut-être des noms qui vous sont familiers.
Pour acheter une des 1600 cryptomonnaies existantes, on s'inscrit sur un site internet qui sert de plateforme, où l'on échange et on achète sa monnaie virtuelle.
Une monnaie basée sur le pétrole
C'est une première mondiale : en février 2018, le Venezuela a lancé sa propre cryptomonnaie, le Petro, nom qui reprend la matière première sur laquelle la monnaie est indexée : le pétrole.
Construite sur le modèle blockchain de l'Ethereum, elle s'appuie donc sur les réserves de pétrole du pays. Les raisons ? Tout d'abord pour booster l'économie du pays. Fin 2017, le Président Nicolas Maduro souhaite en effet sauver son pays de la terrible inflation dans laquelle il se trouve, alors estimée à 1 000 000 % par le Fonds Monétaire Européen. En effet, dans les premiers mois de l'année 2018, 1 bolivar valait 0.00004 dollar. Relancer son économie par une cryptomonnaie est également une première mondiale.
La deuxième raison, plus géopolitique, est de parvenir à contourner les sanctions établies par les Etats-Unis, encore durcies par Donald Trump lors de la réélection de Nicolas Maduro en mai 2018 et de pouvoir lancer un commerce plus international.
Pétrole : allié et ennemi du Venezuela
Il n'échappera à personne que le destin du Venezuela est intrinséquement lié au pétrole, et ce n'est pas un hasard que le président Maduro ait décidé d'indexer sa nouvelle monnaie sur l'or noir. C'est une épée à double tranchant.
D'un côté, le Venezuela base pratiquement l'intégralité de son économie sur le pétrole, secteur qui lui fournit 96% de ses revenus et 97% de ses exportations. Un pari risqué quand on sait que depuis 2014, le prix du baril a été divisé par deux - passant de plus de 100$ en février 2014 à moins de 50$ en février 2017 - et plongeant un peu plus le pays dans une crise économique et sociale.
Le Venezuela est le huitième exportateur mondial de pétrole, derrière d'autres grandes puissances pétrolières telles que l'Arabie Saoudite ou l'Irak. Sa production a également baissé, passant de 2,37 millions de barils par jour (mbj) en 2016 à 2,16 mbj en 2017, d'après les chiffres de l'OPEP.
Mais c'est également une richesse d'avoir au sein de son pays une ressource rare comme le pétrole. Et ceci, le président Maduro l'a bien compris. Avec le Petro, il peut ainsi indexer sa nouvelle monnaie sur une ressource moins volatile, qui lui permet lancer ce qu'il appelle un "nouveau système monétaire stable". Il décrit le pétrole comme une "valeur intrinsèque et sûre", alors que les autres monnaies - notamment le bolivar - sont soumises à la spéculation.
Le pétrole, une épée à double tranchant pour le Venezuela, mais qui permettra peut-être au pays de relancer son économie, s'affranchir du dollar, et regagner une stabilité financière.