Fin d’un cycle désuet de deux siècles
En effet, le secteur pétrolier peine, malgré son âge et les successives révolutions scientifiques et technologiques, à se moderniser. Radio, télévision, internet, toutes ces inventions ont souvent dépoussiéré les processus du trading d’hydrocarbure sans révolutionner pour autant le secteur.
Alistair Cross, directeur d'exploitation et chef des opérations à Mercuria Energy, une société pétrolière suisse ayant enregistré 104 milliards de dollars de revenus en 2017, déplore la rigidité du marché. « La façon dont nous effectuons les transferts de titres et l'exécution post-négociation est très lourde en termes de paperasserie, et la technique n’a pas évolué vraiment depuis bientôt deux siècles ».
De la paperasse aux registres décentralisés
Avec d’autres géants pétroliers tels que BP, Royal Dutch ou encore des banques telles que ING et Société Générale, Mercuria a choisi d’explorer les nouvelles fonctionnalités disruptives de la blockchain. Certains pays ont même choisi d’intégrer la crypto-monnaie à la gestion de l’or noir en vue de s’adapter aux changements en vue.
La blockchain, ou chaîne de blocs, désigne un registre à enregistrements sans possibilité de modifications et qui est déployé sur un réseau décentralisé, c’est-à-dire sans serveur central.
Réputée quasiment impossible à pirater, la blockchain est la technologie qui supporte le Bitcoin et les milliers d’autres crypto-monnaies qui sont nées à sa suite.
En tout domaine où il est utile de communiquer et tenir des registres de transactions ou de données, la blockchain offre plus de garanties d’intégrité des transactions, mais aussi une rapidité allant de la fraction de seconde, dans le cas de Ripple, à la dizaine de minutes comme pour le Bitcoin.
Dénommée Easy Trading, une expérimentation des entreprises susmentionnées et opérant dans le monde des hydrocarbures a été conduite avec succès en 2017. Des résultats de cette expérimentation, il ressort que les temps de vérification des transferts de titres passent de 3 heures à 25 minutes avec la disparition des potentielles erreurs humaines. Le pétrolier affrété pour les besoins de l’expérience a vu sa marchandise changer 3 fois de propriétaire avant d’échoir finalement à une entreprise chinoise.
Dans ce processus, le tracking de marchandise a une valeur cardinale. Ceci explique l’intérêt prononcé des sociétés pour des blockchains et crypto-monnaies supportant les objets connectés et capteurs.
IOTA, la blockchain des objets connectés et des énergies
Le prix du IOTA, à l'instar des autres crypto-monnaies, a subi une sévère correction contrairement au marché du pétrole. Mais ne vous trompez pas, ce n'est pas parce que le market cap baisse que la technologie s'arrête d'évoluer.
IOTA est une blockchain qui a la particularité de faire transiter ses transactions par les objets connectés et de proposer des services sans frais. Très engagé écologiquement, IOTA se retrouve souvent au cœur des projets énergétiques tournés vers le futur. Avec la ville de Taipei par exemple, IOTA expérimente une rémunération avec des Airdrops, une analyse de la qualité de l’air, ainsi que la collecte d'informations visant à rémunérer les citoyens ayant de bonnes pratiques écologiques et à taxer ceux contrevenant aux règles de la cité.
Réputée infiniment évolutive, la blockchain IOTA a été adoptée par exemple par l’entreprise canadienne Kontrol Energy Corp. Se réclamant entreprise de smart-énergie, cette société a, pour la modique somme de dix millions de dollars, acquit une société de développement de solutions cryptographiques qui planche sur la création d’un jeton propre à l’entreprise, sur la blockchain IOTA.
La blockchain, un outil de stratégie économique de l’avenir
L’intérêt de l’adoption de la blockchain dans le secteur énergétique et surtout pétrolier « vise la réduction des risques et coûts opérationnels administratifs liés au négoce d'énergie physique, et l’amélioration de la fiabilité et l'efficacité des opérations de trading en aval. » C'est en tout cas ce que déclare Mercuria dans un communiqué. Voulant aussi profiter de la décentralisation de la blockchain et s’affranchir de la spéculation et des interventions des géants dans sa politique intérieure, le Venezuela a choisi en Mars dernier de lancer Petro, sa propre crypto-monnaie portée par les réserves de brut.
La question est désormais de savoir si tous les grands de l'industrie choisiront eux-aussi de s'orienter vers une crypto-monnaie (existante ou qui leur soit propre). En avril dernier, un responsable de BP indiquait à la Blockchain Expo que l’entreprise n’utilisait pas les blockchains publiques, encore que, rien de formel n’avait été décidé à ce propos.
Le consortium formé par Shell, BP, Mercuria, ING et autres géants promettent pour fin 2018 la mise en service de leur solution portée par la blockchain.