Rien ne semble freiner les cours pétroliers, un an après leur plongeon
A environ 65 dollars le baril, le pétrole a retrouvé son prix d'avant la pandémie et la banque américaine Goldman Sachs le voit dépasser les 80 dollars cet été, porté par des "indicateurs favorables pour la demande dans les zones où la vaccination est forte".
Sa concurrente Morgan Stanley envisage quant à elle le baril de brut à 70 dollars au troisième trimestre.
En outre, les fondamentaux du marché pétrolier, à savoir l'offre et la demande, sont désormais "plus solides" et mieux équilibrés, estime de son côté l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans ses dernières prévisions en date partagées la semaine dernière.
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) s'est aussi montrée un peu plus optimiste, s'attendant à un rebond mondial de la demande de brut de 6 millions de barils par jour en 2021 à 96,5 millions de barils par jour.
Il y a pourtant un an jour pour jour, le cours de référence du pétrole brut américain plongeait en dessous de zéro dollar, du jamais vu.
La référence américaine chutera jusqu'à -40,32 dollars le 20 avril, et évoluera encore en terrain négatif le lendemain, les investisseurs coincés entre l'absence d'acheteurs et une incapacité à prendre livraison des barils faute d'espace de stockage disponible en étant réduits à payer pour s'en débarrasser.
"La situation a beaucoup évolué depuis", notamment à la faveur de l'arrivée de plusieurs vaccins contre le Covid-19 qui ont donné l'espoir de tourner la page de la pandémie, tempère Ipek Ozkardeskaya, de Swissquote Bank, interrogée par l'AFP.
Au Royaume-Uni, la campagne de vaccination bat son plein tout comme aux États-Unis où le président Joe Biden vient de faire adopter un gigantesque plan de relance pour la première économie mondiale, de bon augure pour la demande du premier consommateur d'or noir.
Résultat: le Fonds monétaire international (FMI) projette une croissance mondiale de 6% cette année après la récession historique de 2020.
Marché trop confiant
"Le sentiment que tout va bien a rendu le marché trop confiant pour faire face à une nouvelle crise", avertit cependant Bjornar Tonhaugen, analyste de Rystad, dans une note publiée mardi.Une situation semblable à celle d'avril dernier "peut tout à fait se reproduire", renchérit Bjarne Schieldrop.
L'analyste de SEB rappelle qu'à la pandémie de Covid-19 s'ajoutait la discorde entre la Russie et l'Arabie saoudite le 6 mars 2020 lors de ce qui reste encore aujourd'hui le dernier sommet ministériel de l'OPEP+ à Vienne, en Autriche, au siège du cartel.
Respectivement deuxième et troisième producteurs mondiaux de brut, les deux poids lourds de l'alliance OPEP+, qui rassemble les treize membres de l'OPEP et dix alliés, s'étaient engagé dans une courte et intense guerre des prix, menaçant à coup de pétrole bon marché les niveaux des capacités de stockage de brut dans le monde.
L'entente fragile est depuis revenue au sein de l'alliance, qui, après avoir drastiquement coupé sa production pour adapter l'offre à une demande morose rouvre petit à petit le robinet d'or noir.
Le prochain virage à négocier pour les producteurs pourrait désormais être la transition énergétique, prévient M. Tonhaugen, qui devrait "fondamentalement changer le marché d'ici 2050", avec une baisse drastique de la consommation d'hydrocarbures face à une montée en force des énergies renouvelables.
(c) AFP