Dubaï: La modeste reprise des prix du brut est loin de combler les déficits budgétaires des monarchies pétrolières du Golfe, a estimé le Fonds monétaire international (FMI), soulignant la nécessité de comprimer davantage les dépenses publiques.
Les
prix du pétrole ont connu une reprise timide, tournant actuellement autour de
50 dollars le baril après avoir touché un plus bas en 10 ans à
30 dollars en janvier, après des pics à plus de
100 dollars à la mi-2014.
Cette reprise des cours va certainement aider en termes de statistiques financières cette année dans les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), a déclaré le directeur du FMI pour le Moyen-Orient, Masood Ahmed.
Mais, a-t-il ajouté dans un entretien avec l'AFP, cela ne va pas vraiment changer les perspectives fondamentales des pays du CCG ou les défis qu'ils affrontent.
Les
prix du pétrole devraient à moyen terme se stabiliser autour de
60 dollars/baril, a-t-il prédit, un prix inférieur au niveau nécessaire pour un équilibre budgétaire dans certaines monarchies du CCG.
Dans son nouveau rapport sur les perspectives économiques régionales, le FMI cite un prix d'équilibre à
79,7 dollars (72,5 euros) pour l'
Arabie saoudite, à
62,1 dollars (56,5 euros) pour le
Qatar et à
58,6 dollars (53,3 euros) pour les
Emirats arabes unis.
Ce prix tombe à
47,8 dollars/baril (43,5 euros) dans le cas du Koweït mais monte à
77,5 dollars (70,5 euros) et à
93,8 dollars (85,4 euros) respectivement pour Oman et Bahreïn.
D'une manière ou d'une autre, les pays du CCG doivent réduire leurs dépenses au cours des cinq prochaines années et trouver des moyens d'augmenter leurs revenus non-pétroliers, a dit le responsable du FMI.
Il a indiqué que la croissance économique dans l'ensemble du CCG devrait être légèrement inférieure à
2% en 2016, avant de connaître l'an prochain une modeste amélioration pour se situer entre 2 et
2,5%.
En
Arabie saoudite, la croissance de la première économie arabe sera de
1,2% cette année, contre
3,5% en 2015. La croissance du PIB sera cette année de
2,5% au Koweït, de
2,6% au
Qatar et
2,3% aux Emirats, dont l'économie est pourtant plus diversifiée.
Les prix élevés du brut des années passées ont favorisé un développement économique rapide de ces monarchies, leurs gouvernements ayant investi massivement dans des projets d'infrastructure.
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Austérité saoudienne La chute des recettes pétrolières a poussé ces gouvernements à geler plusieurs projets et à prendre des mesures d'austérité sans précédent, dont une réduction des subventions sur les carburants.
Maintenant, nous entrons dans des sphères parmi les plus difficiles, à l'instar de la masse salariale dans le secteur public, qui représente une grande part des dépenses dans les monarchies du Golfe, a relevé M. Ahmed.
L'
Arabie saoudite a annoncé le mois dernier des mesures drastiques, réduisant de
20% les salaires des ministres et amputant les indemnités des 160 membres du Majles al-Choura (conseil consultatif) et les avantages accordés aux fonctionnaires.
De telles mesures représentent l'un des moyens que les monarchies du Golfe peuvent se donner pour rééquilibrer leurs budgets, a estimé M. Ahmed.
Selon lui, ces mesures ne sont pas faciles à mettre en oeuvre mais elles sont nécessaires et doivent être prises pour parer aux déficits déficitaires.
A long terme, les monarchies du CCG devront oeuvrer pour réduire la masse salariale en encourageant leurs ressortissants à travailler dans le secteur privé au lieu de penser automatiquement que leur avenir est lié à la fonction publique, a-t-il ajouté.
Le secteur privé dans la plupart des monarchies du Golfe est dominé par des expatriés, majoritaires dans certains de ces pays, dont les ressortissants optent pour des emplois bien rémunérés dans le secteur public, nécessitant souvent peu de travail.
Plus de deux millions de jeunes vont arriver sur le marché du travail au cours des deux prochaines années dans le CCG, a-t-il prévenu, prônant un secteur privé compétitif pour créer des emplois.
Il a salué la décision des monarchies du CCG, dans leurs efforts de diversifier leurs revenus, d'introduire à partir de 2018 une TVA de
5%, une mesure qui, selon lui, ne devrait pas décourager les expatriés, attirés actuellement par l'absence de taxes.
(c) AFPCommenter Pétrole: comprimer les dépenses, une nécessité pour les monarchies du Golfe
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