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Chute des prix du pétrole: des effets contrastés sur l'économie française

prix du petrole ParisParis: L'effondrement des prix du pétrole, tombés à un niveau historiquement bas depuis le début de l'année, est une aubaine pour les consommateurs et pour de nombreuses entreprises hexagonales. Mais la chute des cours présente aussi des inconvénients.
Consommation, balance commerciale, inflation... Passage en revue des effets positifs et négatifs à attendre, en 2016, de la déroute de l'or noir.

- Ceux qui y gagnent

La baisse du cours du pétrole a évidemment -- et avant tout -- un effet positif sur le portefeuille des consommateurs, qui réalisent des économies à la pompe mais aussi pour se chauffer (pour ceux qui le font au fioul). Selon Alexandre Mirlicourtois, économiste chez Xerfi, le gain direct par ménage a ainsi été de 225 euros en 2015.

Ce gain de pouvoir d'achat, par ricochet, profite à l'ensemble des biens et des services. L'argent économisé irrigue les circuits de consommation, même si une partie est épargnée, souligne M. Mirlicourtois. En 2015, la baisse des prix du pétrole a ainsi dopé la consommation des ménages, qui a grimpé de 1,4%.

Pour les entreprises, la chute des cours est également synonyme de bouffée d'oxygène. Cela leur permet d'améliorer leurs marges, notamment dans les secteurs gourmands en hydrocarbures, comme la chimie ou la sidérurgie, souligne Christopher Dembik, économiste chez SaxoBank.

Les entreprises de transport, en particulier les compagnies aériennes, sont elles aussi concernées. Du moins en principe, car les baisses sont en partie reportées sur les prix des billets. Et la plupart des compagnies achètent leur carburant via des systèmes de couverture. Une garantie contre les hausses de prix... mais qui les empêche actuellement de profiter pleinement de la baisse, selon M. Dembik.

La dégringolade du pétrole, au-delà des ménages et des entreprises, est aussi une chance pour la balance commerciale, structurellement déficitaire. En 2014, le déficit commercial français était de 53,8 milliards d'euros. Le chiffre 2015, qui sera annoncé vendredi, devrait s'améliorer sensiblement, grâce au recul des importations.

Additionnés, ces différents effets ont insufflé l'année dernière un élan bienvenu pour la croissance française, par ailleurs poussive. Selon l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), 20 milliards d'euros ont ainsi été réinjectés dans l'économie tricolore sur un an, soit l'équivalent de 0,4 point de PIB. Un gain qui devrait se maintenir au même niveau en 2016.

- Ceux qui y perdent

Tout n'est pas rose pour autant quand les prix du pétrole baissent. Principale victime de ce phénomène: la filière pétrolière et para-pétrolière (près de 200.000 emplois en France), dont les résultats sont en berne. Le PDG de Total Patrick Pouyanné a ainsi laissé entendre que les résultats du groupe pourraient se replier de 20% en 2015.

D'autres entreprises, par effet d'entraînement, sont concernées. C'est le cas de Vallourec, géant français des tubes sans soudure, utilisés notamment pour l'extraction du pétrole, qui a annoncé fin janvier 1.000 suppressions d'emplois supplémentaires.

Les licenciements ne sont sans doute pas arrivés à leur terme. Il risque d'y avoir des réorganisations, dont des regroupements, notamment dans le secteur para-pétrolier, prévient Christopher Dembik.

Le faible prix du baril menace également les exportations, en fragilisant les pays producteurs. Ces derniers jours, plusieurs d'entre eux, dont la Russie, ont annoncé des mesures d'austérité. Elles pourraient pénaliser en France certains secteurs, comme l'automobile ou le tourisme.

Nous n'avons plus intérêt globalement à une baisse des prix du pétrole. Les effets déstabilisants deviendraient supérieurs aux effets bénéfiques pour notre économie, a estimé jeudi le ministre des Finances Michel Sapin.

Pour les comptes publics, le recul de l'or noir n'est pas non plus sans conséquence. Le faible prix du pétrole tire en effet l'inflation vers le bas. Cela réduit les recettes fiscales de l'Etat, notamment celles de la TVA, et rend moins rentables les mesures de gel de salaires prises pour réduire le déficit.

Pour tenir compte de cette situation, Bercy a reconnu jeudi qu'il lui faudrait procéder à des ajustements. Il y aura une inflation plus basse que prévu en 2016 (jusque là 1%), a estimé M. Sapin, en précisant que cela aurait des incidences, difficiles toutefois à évaluer à ce stade.

(c) AFP

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